Le Parisien –
Quasiment invisible, le chemin de Compostelle traverse la capitale du nord au sud. Dans le cadre du budget participatif, une association souhaite le matérialiser.
René Deleval (à gauche) et Jean-François Fejoz (à droite) devant la tour Saint-Jacques, point de départ historique des pèlerins
De sa sacoche, Jean-François Fejoz sort un objet en bronze doré de quelques centaines de grammes. Le cercle fait une dizaine de centimètres de diamètre. Un motif dessine une coquille Saint-Jacques. Fabriquée par une fonderie alsacienne, celle-ci est directionnelle : elle permet d’indiquer la voie aux pèlerins. « Pour qu’elles ne soient pas installées à l’envers, on préfère être là quand elles sont posées sur la chaussée », précise en souriant le membre de l’association Compostelle 2000, fondée il y a plus de 20 ans.
A la terrasse d’un café rue Saint-Martin dans le IVe arrondissement, les paroles de l’ancien professionnel du tourisme ne sont troublées que par le tintamarre des véhicules de livraison. Rien ne semble l’indiquer – si ce n’est les discrètes coquilles sur l’épaule d’une statue de l’église Saint-Merry – mais le chemin de Compostelle passe ici, sur cette étroite allée piétonne.
Les coquilles manquent à l’appel
« Bruxelles, Bordeaux, Tours… La plupart des villes ont des clous-coquilles en bronze pour matérialiser le chemin. Mais à Paris, elles manquent à l’appel », regrette Jean-François Fejoz, qui a lui-même déjà entrepris le parcours depuis la capitale. « Nous voulons donc sceller une coquille tous les 25 à 30 mètres dans Paris, pour matérialiser le chemin qui traverse la ville du nord au sud sur 9 kilomètres », déclare-t-il.
La mairie du Ve arrondissement a récemment voté l’implantation des fameuses coquilles, qui devraient être posées sous peu. Dans le cadre du budget participatif, Compostelle 2000 a déposé des projets – pour lesquels les Parisiens peuvent voter jusqu’au 22 septembre – afin de faire de même dans les IVe et XIVe arrondissements.
« Les municipalités ont une certaine frilosité à franchir le pas parce que beaucoup de gens croient que c’est religieux. Alors que la grande majorité des marcheurs ne sont pas catholiques », tempère René Deleval, lui aussi membre de Compostelle 2000. En effet, « nombreux sont ceux qui partent parce qu’ils sont à des moments de rupture dans leur vie : une cassure familiale, amoureuse, ou encore professionnelle…», énumère Jean-François Fejoz.
Proposé au budget participatif
Ce n’est pas la première fois que l’association tente de rendre visible le chemin. En 2015, le projet déposé au budget participatif n’avait pas eu le nombre de voix suffisant pour l’emporter. Alors cette année, deux projets distincts ont été déposés. L’un dans le IVe arrondissement, pour un budget chiffré à 30 000 euros. Et l’autre dans le XIVe, co-construit avec d’autres propositions incluant la rénovation de statues à Denfert Rochereau, donc bien plus onéreux : 240 000 euros. En attendant, Jean-François Fejoz récupère la coquille. Avec l’espoir qu’elle brille un jour sur la chaussée.
La coquille de Saint-Jacques. LP/Hippolyte Radisson
Encore trop peu de coquilles
Peu de trace de la fameuse coquille Saint-Jacques dans la capitale pour l’instant. Le chemin de Compostelle n’est signalé qu’à de rares endroits. Au nord, parc de la Villette, des clous-coquilles sont scellés au sol. Au pied de la Tour Saint-Jacques, lieu de départ de la via Turonensis, cinq plaques sont disposées à côté de chaque portail du square. Elles comportent le symbole jacquaire et un texte explicatif qui indique que la tour est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ».