Ouest France Entreprises – Corinne Chauvigne
Depuis dix ans, l’utilisation du numérique, à toutes les étapes, entre dans les habitudes des fonderies. Des chefs d’entreprises de l’Ouest se sont retrouvés à Châteaubriant (Loire-Atlantique) pour en parler. Rencontre.
Le numérique est présent dans de nombreux métiers, y compris là où on ne l’attend pas. Comme dans la fonderie. Cette filière, qui souffre encore aujourd’hui d’une mauvaise image, utilise le numérique depuis déjà une dizaine d’années.
Le numérique en fonderie », comme l’explique Alain Jupin, responsable du développement régional Ouest au sein du centre de recherche CTIF (Centre technique industriel de la fonderie), une vingtaine de chefs d’entreprise de l’ouest de la France se sont rencontrés à Châteaubriant (Loire-Atlantique).
Au menu, des conférences et des échanges pour expliquer comment chacun développe le numérique au sein de sa société. Et une visite de la Fonderie et mécanique générale castelbriantaise (FMGC) à Soudan. L’entreprise vient d’acquérir, en mars, une nouvelle machine : une commande numérique de quinze mètres de long permettant d’usiner les pièces.
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La Fonderie et mécanique générale castelbriantaise, à Soudan, qui vient d’acquérir une commande numérique de quinze mètres de long. La Fonderie et mécanique générale castelbriantaise, à Soudan, qui vient d’acquérir une commande numérique de quinze mètres de long.
| Corinne Chauvigne
Le numérique présent à chaque étape
Dans beaucoup d’entreprises, comme chez Focast à Châteaubriant, le numérique est présent dans presque chaque étape de la fonderie. « Nos clients nous envoient leurs fichiers en trois dimensions 3D. Quelques-uns nous donnent encore un plan en papier », explique Martial Gobeaux, son dirigeant.
Puis, « pour chacune de nos pièces, nous faisons des simulations numériques. Ça permet de valider nos choix. » Une étape systématisée depuis 2010. « Avant, la simulation numérique était vraiment ponctuelle. Aujourd’hui c’est un vrai gain. » Les modèles sont ensuite réalisés grâce à des commandes numériques. Et les contrôles, « surtout dimensionnels », sont aussi numériques.
Dans les fonderies de l’Ouest, de plus en plus d’étapes sont numériques. Dans les fonderies de l’Ouest, de plus en plus d’étapes sont numériques.
Impression 3D et gestion de données
Chez Armoricaine de Fonderie le Châtelet (AFC) à Redon (Ille-et-Vilaine), plusieurs étapes sont numériques : la simulation, la conception assistée par ordinateur (CAO), l’impression en 3D, l’acquisition de données au moment de la fabrication. À moyen terme, son directeur d’usine, William Legrand, vise « toute l’entreprise. En 2007, c’étaient les premiers pas de la CAO. Mon planning ? Dans trois-quatre ans, toute personne dans l’atelier pourra vérifier les pièces sur ordinateur. »
« La fonderie regroupe aujourd’hui toutes les sciences de l’ingénieur : la thermodynamique, l’usinage… Tout ce qui précède la fabrication et son pilotage se font devant un écran », énumère Alain Jupin.
La numérisation du secteur complique les recrutements.
Corinne Chauvigne
Un secteur qui recrute
Cette mutation commencée il y a une dizaine d’années n’est pas toujours connue du public, ce qui suscite des problèmes de recrutement. « On a de réels besoins, indique Martial Gobeaux. C’est un métier passionnant et de passionnés ! On n’imagine pas tout ce qu’il y a. Il y a de la fonderie dans tout ce qui flotte, ce qui vole, ce qui roule… Partout. Même sur la poignée d’une porte, dans une voiture, dans un ordinateur… »
AFC, qui emploie 280 personnes à Redon, cherche aussi à recruter, dans tous les secteurs. Elle propose également des formations en interne. « L’évolution numérique est compliquée, car c’est une nouvelle culture. Il faut éduquer les gens », indique William Legrand, qui approuve ce changement. L’homme, originaire des pays de l’Est, estime que « la France était en retard techniquement et informatiquement. Là, c’est mieux, mais on a encore du retard