Tandis que la direction de l’entreprise s’apprêtait à réunir ce jeudi un comité social et économique (CSE) où, selon les syndicats, le groupe américain devait enclencher le processus de délocalisation de 40.000 heures de production d’ici à fin 2020 vers des sites industriels situés aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite, la réunion a été annulée. C’est mercredi, à l’occasion du troisième comité de suivi des accords du 21 octobre 2019, que les représentants de l’intersyndicale ont fait valoir leur point de vue.
Propositions de l’intersyndicale
L’intersyndicale CFE-CGC, Sud et CGT du site spécialisé dans les turbines à gaz de 50 Hz était arrivée à cette réunion à distance avec des propositions et un préalable, l’annulation du CSE. Soutenue par le gouvernement, elle a obtenu qu’il soit remplacé par une réunion de négociation sur, au contraire, la hausse de capacité du site de Belfort. Philippe Petitcolin, délégué CFE-CGC du site, martèle en effet, depuis l’annonce du plan social de mai 2019, que le marché de la turbine gaz est en train de rebondir. Or, explique-t-il, « avec la crise sanitaire, 65.000 heures n’ont pas pu être faites à Belfort, dans une région fortement touchée par le coronavirus. Avec le projet de la direction de transférer 40.000 heures sur d’autres sites du groupe, le taux horaire dans notre usine aurait augmenté de 20 %, donnant à celle-ci l’argument de non rentabilité pour fermer le site. »
De l’autre côté de l’écran, à Bercy, le patron de GE France Hugh Bailey, le vice-président de GE Power Europe Patrick Maffeis et le directeur du projet industriel ont accepté le préalable et l’annulation du CSE. « C’était presque inattendu », admet le représentant de l’intersyndicale. « En actionnant des heures supplémentaires, un appel à l’intérim et la mobilisation de jours de RTT, on peut augmenter notre capacité de plus de 40.000 heures d’ici à 2020 et éviter les délocalisations », affirme Philippe Petitcolin.
Redéfinir un projet industriel
Deuxième victoire obtenue : l’arrêt du transfert, en Hongrie, de la ligne de production des composants. Celui-ci avait été négocié en octobre 2019 en échange de l’arrivée à Belfort d’une activité dans l’aviation. Un projet qui n’est plus d’actualité. La présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, avait écrit le 5 mai au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire , pour l’alerter.
Les salariés savourent cette double reculade mais restent mobilisés. Car ils estiment, de leur côté, avoir rempli leur part du contrat : 450 départs volontaires ont été enregistrés depuis fin 2019, sur un total de 1.700 employés. Ils attendent maintenant de l’entreprise qu’elle remplisse la sienne. La quatrième réunion du comité paritaire devrait se tenir dans la deuxième quinzaine de juin. Au menu : le projet industriel destiné à repositionner Belfort comme centre d’excellence des turbines 50 Hz et un plan sur dix axes. Parmi ceux-ci, le développement de l’activité de réparation et celui des turbines à hydrogène, pour lesquelles Belfort a des compétences.