Forge : Aubert & Duval investit 75 millions d’euros à Pamiers
Le groupe va installer à Pamiers une grande presse à forger qui lui permettra de fabriquer des pièces résistantes aux hautes températures pour les futurs moteurs d’avions plus économes.
Laurent Marcaillou (Correspondant à Toulouse)
Moins d’un an après son rachat à Eramet par Airbus, Safran et le fonds Tikehau Capital à parts égales, le groupe métallurgique Aubert & Duval va investir 75 millions d’euros dans une presse à forger de 6.000 tonnes dans son usine de Pamiers, en Ariège, qui emploie un millier de salariés.
La machine, achetée à l’allemand SMS Group, entrera en service en 2027 et remplacera l’ancienne presse Schloemann de 1932. Cet investissement du fabricant de pièces pour l’aérospatiale, la défense et l’énergie, dont le siège est dans les Hauts-de-Seine, s’inscrit dans un plan de modernisation de ses usines françaises, évalué à plus de 300 millions d’euros sur cinq ans.
La presse en elle-même coûtera une vingtaine de millions d’euros mais l’entreprise agrandira aussi le bâtiment et les fours pour intégrer cet équipement de six mètres de haut. Elle permettra de forger des grandes pièces d’ avion comme les éléments de structure et les arbres ou les disques de moteur, tout en consommant moins d’énergie. Elle positionnera l’usine sur les prochaines générations d’avions en développant des procédés innovants.
« Anticiper »
Cette presse modulable et robotisée pourra ainsi accueillir un module de forgeage isotherme pour fabriquer des pièces aérospatiales de très hautes performances avec la métallurgie des poudres. Les futurs moteurs d’avion en développement économiseront davantage de carburant grâce à une température de combustion plus élevée.
Il faudra donc utiliser des matériaux résistants aux hautes températures. La nouvelle presse pourra le faire et permettra de forger le métal avec la nouvelle technologie « very hot die » qui consiste à chauffer l’outillage en permanence pour éviter le choc thermique sur la pièce.
« Nous poursuivons un premier objectif de modernisation pour gagner en performance industrielle, explique le PDG, Bruno Durand. Mais pour faire d’Aubert & Duval le métallurgiste européen de référence, il faut aussi anticiper les évolutions techniques du futur : c’est la vocation de ce nouvel outil. »
Contrôle non destructif par l’IA
Le groupe a également signé un accord de partenariat avec le CEA pour utiliser l’intelligence artificielle dans le contrôle non destructif, afin de réaliser le premier contrôle automatisé des pièces. L’IA l’aidera à contrôler des alliages de plus en plus complexes.
L’entreprise démarre aussi la reconstruction de l’atelier de traitement de surface qui avait brûlé en 2021. Ces investissements vont moderniser l’usine de Pamiers qui en avait besoin, même si elle avait déjà installé en 2006 une grande presse à matricer de 40.000 tonnes, en investissant 90 millions d’euros. Les pièces aéronautiques forment les deux tiers de l’activité et les turbines à gaz un tiers.
Aubert & Duval fait partie des leaders mondiaux de l’élaboration et de la transformation des matériaux métalliques complexes comme les aciers spéciaux, les superalliages, le titane et l’aluminium, mais il était en difficulté avant sa reprise. La relance de la construction d’avions a permis au groupe de 3.700 salariés d’augmenter son chiffre d’affaires d’un quart en 2023, à 693 millions d’euros, réalisé aux deux tiers dans l’aéronautique.