La CGT appelle au débrayage jeudi 30 juillet à partir de 12h15 pour permettre aux salariés de faire remonter leurs questions.
« On est tous prêts à faire autre chose »
Les salariés devraient recevoir d’ici la fin de la semaine un courrier les informant des conclusions du cabinet, et leur demandant leur avis sur ces potentielles orientations de l’activité. Une « démarche saugrenue » selon Thierry Waye, délégué CGT à la Fonte.
On est bien conscients que le marché automobile est fragile, et celui de la fonderie aussi. On est tous prêts à faire autre chose, quel qu’en soit le prix, et quel que soit le temps du développement. Encore faut-il qu’il y ait quelques garanties derrière pour qu’on puisse dire qu’on a un avenir serein.
Vienne : à la Fonderie Fonte, « trois créneaux de business pérennes ont été identifiés »
Directeur des Fonderies du Poitou à Ingrandes, Guy Janssen détaille les pistes de reconversion de la Fonderie Fonte (300 salariés). Il n’écarte aucune hypothèse. Ni un rebond total, ni une fermeture.
Guy Janssen dirige les Fonderies du Poitou (Fonte et Alu) depuis le rachat par Liberty en mai 2019.
Que faut-il retenir des conclusions du rapport Berger sur les pistes de reconversion de la Fonderie Fonte, présentées lundi au personnel ?
Guy Janssen, directeur général des Fonderies du Poitou :
« Ressortent, trois créneaux de business pérennes, dont deux activables à très court terme. 1)
Le reconditionnement de véhicules industriels, qui aurait une employabilité de 100 personnes après un an de formation. 2) Le reconditionnement de téléphones portables, pour une employabilité de 80 personnes à l’issue de quatre mois de formation. 3) La mise en oeuvre, à plus long terme, de presses aluminium haute capacité pour des pièces de structures de véhicules, qui pourrait employer une centaine de personnes à l’horizon quatre-cinq ans. »
La fermeture de la Fonderie Fonte est-elle une hypothèse ?
« On ne l’écarte pas. Pour accomplir ces transformations, il nous faut nos hommes. S’ils préféraient, en grande majorité, quitter l’entreprise, ou ne pas s’engager dans ce projet – je sais que c’est compliqué – il faudrait peut-être envisager ce que personne n’espère. Je dis bien personne ! »
Diversification ou fermeture sont les deux options ?
« Un autre scénario, plus progressif, consiste à ne réaliser aucun plan de départs volontaires, à conserver un petit filet de production de carters fonte – avec une centaine d’emplois – jusqu’en 2023-2024, et à y greffer, au bout d’une période de formation, les activités de reconditionnement de véhicules et de téléphones portables. On arriverait alors pratiquement à une pleine employabilité. »
Quels sont les freins à ce scénario ?
« Il ne faut pas négliger la frustration de nos hommes – que je comprends. Notre objectif est de maintenir un emploi maximalisé. Si ça peut se passer en douceur, tant mieux. Je compte nos syndicats, qui sont plutôt responsables, pour véhiculer le message d’apaisement. Ne surtout pas claquer instinctivement la porte sur de telles possibilités. Dans la conjoncture actuelle, il faut en mesurer le bénéfice. Pour moi, ça coule de source. »
Les salariés vont être consultés, c’est ça ?
« On veut connaître leur orientation. On va leur envoyer un support documentaire résumant toutes les options, accompagné d’un bulletin d’avis qui sera anonyme et non engageant. L’idée est que chacun s’exprime et positionne librement (1). »
Leur demander de choisir, c’est, pour Liberty, s’en laver les mains ?
« Non, ça n’est pas une manipulation. C’est les considérer en adultes. Leur faire prendre conscience qu’une partie de cet avenir tient entre leurs mains. Et c’est un processus démocratique. Lors des assemblées générales, 70 à 80 % de la masse reste silencieuse, la parole est monopolisée par quelques personnes qui ont beaucoup de leadership. »
Si les salariés refusent la diversification et demandent à rester dans la production de carters, que se passera-t-il ?
« Malheureusement, l’activité fonte seule, avec ce filet de production, ne sera toujours pas rentable. En réduisant les coûts, on arrive quand même à des pertes financières. On devra forcément adosser cette solution à des projets de diversification. »
En supposant une diversification, Liberty va devoir investir, ce qu’il n’a « jamais fait depuis un an », selon les salariés.
« Les investissements vont se faire par le biais de Liberty et de banques. Sur l’automobile et le téléphone, ils ne sont pas si conséquents que ça. Nous allons chiffrer tout ça en détail pour la deuxième quinzaine de septembre. »
Il semble y avoir une fracture entre les salariés et le groupe Liberty. Comment y remédier ?
« Il faut reconstruire un climat de confiance réciproque. Ce projet, si on le mène à bien, le permettra, je pense. »
Renault a affiché un soutien prudent et limité dans le temps. Est-il prêt à vous aider dans ce processus ?
« C’est ce qu’il a dit la semaine dernière. »
(1) La direction doit transmettre le document à chacun des salariés ce jeudi et attend un retour avant le 31 août.
En savoir plus
Dans un communiqué, les syndicats CGT et CFE-CGC de la Fonderie Fonte convient les salariés, ce jeudi 30 juillet sur le parking de l’usine, à une restitution de la conclusion de l’expertise du cabinet Roland Berger.
L’occasion de faire des « remarques par rapport au courrier que les salariés vont recevoir concernant les différentes orientations proposées ». La CGT appelle les équipes à un débrayage de 45 minutes à une heure.