À Vitrolles, cette fonderie produit le cadre du J, premier vélo électrique 100 % français
Une fois sorti du moule, le cadre est examiné sous toutes les coutures pour vérifier qu’il réponde bien aux exigences de qualité de la marque Moustache. Si ce n’est pas le cas, il peut être refondu. S’il est « bon pour le service », les bavures seront é…
Photo E.EB.
C’est aux Fonderies du Midi, dirigées par Guillaume Bouton, qu’est manufacturé le cadre en aluminium d’un seul tenant du vélo de la marque française Moustache.
Il est rare, voire unique, d’utiliser la fonderie pour confectionner une telle pièce.
Attention danger ! Guillaume Bouton ne badine pas avec la sécurité. Pour réaliser des photos, de près, du cadre du vélo J – comme Jour nouveau – de la marque Moustache en train d’être fabriqué, il a fallu insister et négocier avec le président des Fonderies du Midi. L’aluminium en fusion, forcément, c’est dangereux. 800 degrés quand il sort du four. Et quand Ali Maameri le verse avec sa grande louche dans le moule en acier, la « coquille », les journalistes sont priés de se tenir à l’écart.
Cinq minutes plus tard, la pièce est prête ou presque. Il faudra tout de même retirer les bavures et réaliser un traitement thermique par la suite pour la solidifier. Le cadre, pièce maîtresse du futur vélo, est alors dévoilé sous les yeux émerveillés de Guillaume Bouton, qui glisse au fondeur de bien nous montrer l’inscription Moustache.
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COMMENT MOUSTACHE AVANCE À GRAND PAS VERS DES VÉLOS « MADE IN FRANCE »
L’entreprise vosgienne de vélos à assistance électrique (VAE) Moustache Bikes, qui commercialise mercredi son nouveau produit haut de gamme (le « J »), a réussi son pari de redonner vie au savoir-faire français de la fabrication d’un cadre de vélo.
Même si de nombreux artisans en France – dont certains dans les Vosges – créent des vélos de toutes pièces en circuit court, le savoir-faire de la production industrielle de cadres a été « délaissé en France depuis des années », selon Greg Sand, co-fondateur de Moustache.
Les cadres des vélos industriels viennent aujourd’hui principalement de Chine ou de Taïwan.
« Fabriquer un cadre de manière industrielle en France ne se fait plus » depuis une quarantaine d’années, abonde Emmanuel Antonot, deuxième co-fondateur de l’entreprise.
Il y a encore « une quarantaine d’années », le bassin stéphanois produisait des cadres en France. Mais ce savoir-faire a été « délaissé » toutes ces années à l’échelle industrielle, constate Antonot.
« Une pièce sans soudure »
Alors, si tout est parti d’un « rêve », celui de pouvoir créer un vélo « au plus proche de chez nous » et « en circuit court » selon Greg Sand, faire renaître ces savoir-faire aura pris trois ans aux équipes de l’entreprise vosgienne et à ses partenaires, avec des adaptations nécessaires d’installations déjà existantes.
Ils ont pu s’appuyer sur un partenariat avec Les fonderies du Midi, entreprise basée à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), ce qui est « rare dans le monde du vélo », selon Emmanuel Antonot: il a fallu « tout recréer avec eux pour s’adapter aux contraintes » de la création d’un vélo, afin de créer « une pièce sans soudure », à la « rigidité excellente ».
Une entreprise jurassienne s’occupe de l’usinage et la peinture est réalisée dans des ateliers alsaciens utilisant un « processus nouveau » de peinture en poudre électrostatique.
« Avant, le cadre parcourait 15.000 kilomètres. C’est moins de 1000 maintenant », se félicitent les fondateurs de Moustache.
Le vélo n’a toutefois pas pu être entièrement créé en France, l’entreprise disposant de partenariats avec de grandes marques, allemande pour les pneumatiques ou italienne pour les selles, par exemple. Ce vélo haut-de-gamme (entre 5200 et 6000 euros selon les modèles) est toutefois entièrement assemblé à Thaon-les-Vosges. Onze ans après sa création, Moustache Bikes a réalisé 130 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 et compte près de 150 salariés.
Vélo électrique : quand les importations chinoises déchirent la filière européenne
La Commission européenne doit décider d’ici à la fin de l’année si elle prolonge ou non les taxes antidumping et antisubventions sur les vélos électriques en provenance de Chine. Deux visions opposées s’affrontent parmi les industriels du secteur.
LES ECHOS Par Richard Hiault
C’est un bras de fer qui va se jouer pendant plusieurs mois. La Commission européenne va devoir trancher une question épineuse : faut-il maintenir les mesures antidumping et antisubventions, instaurées en 2019, sur les importations de bicyclettes électriques et de pièces essentielles en provenance de Chine ? Une réunion se tient à Bruxelles, mardi 30 avril, où la Commission entendra un groupe ad hoc d’entreprises européennes de cycles électriques sur le sujet.
Pour l’European Bicycle Manufacturers Association (EBMA) qui rassemble environ un millier de PME de l’industrie du vélo, du vélo électrique et des composants dans 23 des 27 Etats membres de l’Union européenne (UE), il ne fait aucun doute que ces mesures doivent être pérennisées.