La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mardi 13 Mar, 2012
Catégorie : Au hasard

Fonderie de Méru & Traces méruviennes

Eh bien je vais vous l’avouer, il s’agit d’un alliage fer/carbone/silicium avec des bouts de carbone pur dedans. Pour faire joli vous pensez ? Eh bien non, car il s’agit de petites sphères de graphite, et cela permet de donner des propriétés assez dingues à ce type de fonte. Le matériau possède alors une très grande élasticité et résistance aux déformations. Du coup ça évite les fissures, les cassures et cela permet une meilleure absorption des chocs. On l’utilise énormément pour les conduites de diverses matières, et on se prémunit ainsi des dangers de sols instables, de zones sismiques, de changements de températures etc.

Bref, j’aime la fonte ductile, mais pas autant que les narvals ou les mitochondries, donc je m’arrêterais là. Si vous êtes observateur, vous en voyez quotidiennement dans les rues, dans les couloirs du métro, et un peu partout. Et si comme moi, vous lisez à peu près tout ce qui vous tombe sous le regard, vous déchiffrez les noms des boites qui produisent cette fonte.

Quand j’étais petit, on a déménagé avec pôpa et môman, on est parti de la cité qui pue (le pneu brûlé reste une de mes odeurs de môme), et on est allé dans la campagne qui pue aussi, mais pour d’autres raisons (la bouse de vache dans laquelle j’ai marché mille fois par erreur). C’était aux confins du 95, dans le mignonet petit village de Berville (dont j’ai déjà parlé, quoi vous ne me lisiez pas en 2003 bande de flibustiers ??), charmante bourgade de 266 habitants, et plus de ruminants je crois (c’était mes copines, j’ai plus parlé aux vaches qu’aux gens pendant des années – oui je sais). Nous allions faire nos courses dans l’Oise, on allait précisément au Centre Leclerc de la ville de Méru, à quelques kilomètres d’où nous habitions.

En face de l’hypermarché, il y avait cet immense mur de briques rouge et brun, et sale, qui m’impressionnaient beaucoup. Et derrière, on apercevait des cheminées avec de la fumée, et des bâtiments flippants, en briques aussi. Tout cela avait l’air à l’abandon. Et en effet, les « Fonderies de Méru » ont été peu à peu démantelées, et ont disparu du paysage industriel local. Une de ces restructurations de l’industrie métallurgique française qui a été une rupture difficile pour bien des régions. Le film « Les Virtuoses » me rappelle toujours ce genre de transition abrupte.

Alors quand je chemine tous les matins entre les taches de chewing-gum hispanomorphes, je tombe aussi sur ça sur le trottoir fonte_ductile_meru_suresnes.jpgEt quand je sors de la ligne 11 à Châtelet tous les matins et les soirs, y’a ça sur le sol :

Traces méruviennes

Ou quand par hasard, je prends la 1 à Etoile, y’a aussi ça sur le bord du quai :

Traces méruviennes

Et à chaque fois, je revois les images de ce long mur de briques, sale. Et comme c’est un souvenir de gamin, je le vois à travers la vitre de la voiture (il faut dire que je ne l’ai jamais vu qu’ainsi), et puis pas bien parce que je devais lever la tête pour apercevoir les cheminées brinquebalantes. Je repense à Méru, à ces fugaces impressions puériles et à la rémanente image que cette ville a imprimée en moi. Donc cela fait des années que c’est terminé, mais je suppose que ça vit longtemps la fonte ductile.

Il se trouve que j’ai croisé ces socles historiques lorsque je me trouvais tout seul, à certains moments de ma vie où j’avais besoin d’un signe. Et alors que j’étais à Newcastle Upon Tyne en 1996, j’étais tombé sur l’un d’eux. Et perdu à Tokyo un soir, j’étais aussi tombé sur une de ces plaques dans le métro. Même si ce souvenir a l’air un peu déprimant, il ne n’est pas tant que cela, il est juste une accroche du passé, une parenthèse étrange et singulière qui n’appartient qu’à moi, et qui me parle. J’aime ces signes cabalistiques urbains qui sont comme des sceaux de ma propre mythologie. »

Longue vie à la fonte ductile des « Fonderies de Méru » !!

http://blog.matoo.net/index.php/archives/2007/02/14/traces-meruviennes/

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2 commentaires pour : "Fonderie de Méru & Traces méruviennes"

  1. En lisant ce texte, j’avais un doute concernant le fameux Matoo !
    Eh bien oui, il en est !

  2. Je ne sais ce qu’a fait notre ami Piwi… Quelle association bizarre à lire ces lignes…
    Et il y en a un qui doit rire jaune !
    Car il n’y a absolument aucun rapport (c’est le cas de le dire) entre Matoo et Franck !!!!

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