La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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vendredi 05 Jan, 2018
Catégorie : Selon la presse

Faute de prêts bancaires, l’équipementier automobile MBF a dû innover

Lorsqu’on franchit les portes de l’usine MBF, l’odeur de l’aluminium fondu pique les narines, le métal hurle lorsque les bras mécaniques le plongent dans l’eau froide. Après des années difficiles, le carnet de commandes est à nouveau rempli. MBF Aluminium travaille pour PSA et Renault, et un gros contrat est en perspective avec un puissant constructeur allemand.

Pourtant, si les clients se bousculent, les banques ont toutes pris la poudre d’escampette. La belle histoire du fleuron local qui retrouve des couleurs aurait pu ne jamais s’écrire…

Faute de crédits bancaires pour financer l’acquisition de nouvelles machines indispensables à sa modernisation, cette fonderie du Jura s’est tournée vers le « leasing ». Ce système de location sert d’ordinaire à prendre en charge l’acquisition d’un parc d’ordinateurs ou d’une flotte de voitures, soit quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros. Jamais celle de presses industrielles capables de transformer l’aluminium en fusion en pièces de haute précision pour l’industrie automobile, dont le coût se chiffre en millions d’euros. Un pari osé, mais réussi, grâce à l’opiniâtreté de Manuel Martins, le directeur général. De refus bancaire en refus bancaire, le patron a entendu parler d’Idinvest, une structure spécialisée dans le financement des PME. Après plusieurs visites, Idinvest a mis 4,2 M€ sur la table.

« Nous avons acheté des machines de dernière génération, que nous louons désormais à MBF, détaille Sylvain Makaya, l’un des directeurs d’Idinvest. Nous voulons précisément financer ce type de fleurons industriels qui ont une volonté de développement. »

Premier employeur de Saint-Claude
Pourquoi les banques n’ont- elles pas souhaité miser un sou ? « MBF a une histoire compliquée, confie Manuel Martins. Avant d’être rachetée en 2012, l’entreprise est passée par deux dépôts de bilan, en 2007 et 2011. Depuis, même si l’actionnaire a changé, les banquiers s’inquiètent… » Dans la salle de réunion où les grandes fenêtres donnent sur les sommets du Haut-Jura, d’autres salariés pointent du doigt l’air du temps. « Il n’y a plus que les start-up et l’économie verte qui font saliver les banquiers », soupire Jean-Yves Zani, un ex-métallo.

La « vieille » industrie n’a pourtant pas dit son dernier mot. « Lorsque nous avons été rachetés en 2012, c’était Zola, se souvient Jean-Yves Zani. Nous avons autofinancé notre remise à niveau à hauteur de 10 M€, lancé un plan de formation, pris des jeunes en apprentissage. » Cinq ans plus tard, une soixantaine d’emplois ont été créés et MBF, avec 300 salariés, est redevenu le premier employeur de Saint-Claude. Les nouvelles presses ne dorment jamais, les équipes se relaient sur le rythme des 3 x 8. La production est passée de moins de 25 t/jour en 2012 à plus de 45 t/jour. Enfant du pays, Thierry Hyvernat, 48 ans, travaille dans la fonderie depuis toujours. Il est maintenant chef d’atelier. « Cela fait dix ans que je n’avais pas vu rentrer de nouvelles machines, s’émeut-il. Je suis très fier, les copains retrouvent le sourire, c’est un défi stimulant de sortir une nouvelle gamme de produits. »

Bien sûr, d’autres investissements seront nécessaires et MBF ne désespère pas de « normaliser ses relations avec les banques », glisse Manuel Martins. Si l’entreprise poursuit sur sa lancée, c’est un vœu de nouvelle année réaliste.

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