La pression de la rue a-t-elle fonctionné, ou celle des politiques, qui ne veulent pas revivre l’issue malheureuse de la fermeture de l’usine Bridgestone Béthune, à quelques mois d’échéances électorales cruciales ? Une chose est sûre, PSA, qui devait communiquer sur le sort du nouveau moteur en juin, a devancé l’appel. Ce mardi soir, lors d’une conférence audio, PSA, va confirmer que la production du EB Gen 3 se fera bien à Douvrin à partir de 2023.
Ne pas faire de la FM une « coquille vide »
Un ouf de soulagement, mais qui ne règle pas tous les problèmes. « Le moteur diesel s’arrêtant en 2022, le site de Douvrin ne serait plus qu’une coquille vide sans cette nouvelle production », explique Alexandre Dauroux, délégué FO de PSA. « On a déjà fait le compactage de l’usine, beaucoup d’efforts par les salariés, on mérite d’être récompensé. Car avec l’unique EB Gen 3, l’avenir du site n’est pas plus assuré ».
« On a déjà fait le compactage de l’usine, beaucoup d’efforts par les salariés, on mérite d’être récompensé. Car avec l’unique EB Gen 3, l’avenir du site n’est pas plus assuré »
« L’objectif est de basculer progressivement le personnel vers la future usine de batteries ACC, au fur et à mesure de sa montée en puissance, explique Franck Don, délégué central CFTC. 200 à 300 personnes fin 2023, puis 350 à 500 fin 2024, 600 à 1 000 fin 2025, etc. Mais le niveau d’activité du nouveau moteur ne permet que d’assurer une transition sans garantir l’avenir de la Française de mécanique. Il n’y a du coup aucune création d’emplois chez ACC, qui risque d’être une usine à la place de, plutôt qu’une usine en plus ».
De quoi énerver Xavier Bertrand, le président de Région, qui veut en effet des « garanties pour l’avenir ». « Si on n’avait pas eu l’EB3, on fermait la Française de mécanique. Maintenant l’enjeu, avec la garantie du nouveau moteur c’est le maintien de l’emploi. Je ne veux pas d’une coquille vide à la Française. Quelles autres productions peuvent être réalisées sur ce site, des pièces de recyclage, des activités complémentaires ? Il faut avoir une vision de long terme ».
« Je ne veux pas d’une coquille vide à la Française. Quelles autres productions peuvent être réalisées sur ce site, des pièces de recyclage, des activités complémentaires ? »
Et le président de Région, de rappeler que pour faire venir ACC, la Région a déboursé 81 millions d’euros, les trois intercommunalités 40 millions. Et que 5 millions de fonds européens sont toujours dans la balance.
Une réunion avec PSA-Stellantis doit avoir lieu jeudi où sera évoqué cet avenir du site douvrinois. La mobilisation continue.
Trois moteurs, bientôt un…
Le site PSA-Stellantis de Douvrin, ex-Française de mécanique, produit des moteurs depuis 1969. Au départ filiale à 50-50 de Renault et Peugeot, la FM est devenue une filiale à 100 % du groupe PSA en 2013, devenu Stellantis cette année.
À son heure de gloire, près de 5 % de la production mondiale de moteurs pour véhicules légers sortaient de l’usine de Douvrin (1,6 million en 2006).
Aujourd’hui, l’usine emploie 1 646 salariés (dont 1 443 CDI).
Le site produit trois types de moteurs pour Stellantis. L’EP Génération 2 (moteur essence), 740 moteurs par jour, faisant travailler 35 % des effectifs en 3×8. La production de ce moteur doit s’arrêter en 2024, la Génération 3 devant être produite en Hongrie.
L’usine produit également le moteur DVR diesel (environ 1 800 exemplaires par jour, occupant 40 % des effectifs en 3×8). Là aussi, cette production doit s’arrêter en juin 2022.
Enfin, l’usine produit le moteur EB Gén2 (3 cylindres, 700 moteurs par jour, pour des équipes en 2×8, 25 % des effectifs). La Génération 3 de ce moteur devait démarrer en 2024, avec le risque d’être produit ailleurs.
Avec l’annonce du maintien de cette production à Douvrin, il est possible que l’EB Gén 2 s’arrête dès 2022 pour débuter la fabrication de la Génération 3.