Ne pas s’endetter est impossible. S’endetter chacun dans son coin serait idiot. Aussi l’idée d’emprunts émis en commun par les Européens, pour financer le soutien de l’économie, refait-elle surface, sous le nom de « Coronabonds ».
Comme pour la défense, la sécurité, désormais aussi la santé, nos Etats découvrent le besoin de mettre en commun leurs importantes capacités nationales pour résister à la nouvelle compétition mondiale dans laquelle l’échelle pertinente est celle du continent. L’Europe, le plus petit continent du monde par la taille, mais l’un des plus riches collectivement, est aussi le moins endetté.
Sa dette par habitant est 4 fois inférieure à celle du Japon, 3 fois à celle de Singapour et deux fois à celle des Etats-Unis. Sa balance commerciale est à l’équilibre et sa balance des paiements excédentaire. Ses capacités d’emprunts sont donc importantes. Emprunter en commun est donc, pour les Européens, facile et peu coûteux.
Pour que cela soit acceptable et que certains n’aient pas l’impression de payer pour d’autres, les Etats doivent renforcer la convergence de leurs politiques budgétaires. Avant d’y parvenir il y aura beaucoup de chemin à parcourir et d’égoïsmes à surmonter. Mais, le premier réflexe national passé, la situation va plaider pour une mutualisation accrue des emprunts, un premier pas vers celle des dettes. La nécessité, une fois de plus, pourrait l’emporter. Ce serait une avancée européenne sur laquelle on ne pourra pas revenir.
Jean Dominique Juliany