Point de vue – Les Echos
En France, l’enseignement professionnalisant est le maillon faible du système éducatif, estiment Martin Hirsch et Marc-François Mignot Mahon. Il a besoin d’être régulé pour pouvoir remplir pleinement son rôle.
Dans le supérieur, l’enseignement professionnalisant s’est peu développé au sein des universités et du secteur public
il nous faut déterminer une voie originale de régulation.
Cette régulation devrait reconnaître ses spécificités (lien avec les employeurs ; insertion dans le marché du travail comme objectif prioritaire ; une majorité de professionnels comme enseignants).
Elle devrait faciliter une ouverture large à la diversité des jeunes, sans prérequis, sans sélection par les notes à l’entrée ; une possibilité, par le jeu d’équivalences valorisant connaissances et expériences professionnelles, de progresser, de changer d’orientation selon ses aspirations et les évolutions du marché du travail. Aussi, nous souhaitons porter cinq pistes concrètes pour faire évoluer le cadre actuel :
Mesurons de manière plus complète, plus durable et plus différenciée l’employabilité, critère majeur d’évaluation de la pertinence de l’enseignement professionnalisant, en recoupant, entre autres, les données administratives sur les salariés et les données des écoles.
Imposons plus de transparence sur les résultats : taux d’abandon et d’échecs et, pour l’apprentissage, taux de rupture de contrats). Assumons le fact-checking !
Standardisons des enquêtes de satisfaction obligatoires, à l’instar de certains pays, où les autorités de régulation adressent un questionnaire à tous les étudiants pour connaître leur appréciation de leur scolarité. S’il n’est pas souhaitable de transformer des professionnels en enseignants permanents, fixons néanmoins un cadre pour leur procédure de recrutement et de formation.
Enfin, instaurons dans chaque établissement une direction des études et un conseil pédagogique pour veiller aux conditions d’accompagnement des étudiants, au respect des maquettes pédagogiques, à la qualité du recrutement des enseignants, pour produire les indicateurs pertinents, sous le contrôle d’un conseil pédagogique, incluant des membres extérieurs à l’école, provenant du secteur académique et/ou économique, associant des représentants des étudiants.
Alors que l’avenir de nombreux secteurs économiques et industriels dépend de la capacité des acteurs de l’enseignement supérieur professionnalisant à unir leurs efforts pour former davantage de ressources humaines qualifiées et adaptées à leurs besoins, mieux réguler c’est plus de confiance et de rigueur, c’est un cadre commun… c’est une occasion à saisir collectivement et sans délai !
Martin Hirsch est vice-président exécutif, de Galileo Global Education
Marc-François Mignot Mahon est président-directeur général
