septembre 2022 –
La fonderie sous haute pression au cœur d’une crise de gigantisme ?
Tesla a montré le chemin et ouvert la voie, maintenant tous ses compétiteurs (petits ou grands) sont dans sa roue.
Pourquoi donc cet engouement subit pour le moulage sous haute pression, procédé jusqu’à présent cantonné dans la caractérisation mécanique, et qui arrive maintenant à réaliser les éléments primaires des caisses de véhicule haut de gamme et à concurrencer des ensembles en acier embouti et soudé ?
Dans le domaine des caisses de véhicule une nouvelle norme vient sous nos yeux de s’établir : une unité avant, une unité arrière et un bac batterie qui joint les deux !!!!
Elon Musk prophétique patron de Tesla nous l’avait déjà annoncé fin 2020 :
“It’s the way that all electric cars in the future will ultimately be made. It’s the right way to do things”. *1 ELON MUSK at the Tesla Battery Day sept 23. 2020
L’allègement à tout prix, certainement… la réduction de l’assemblage et l’intégration de fonctions, très probablement… la simplification des flux logistiques sûrement. Il ne se passe pas un jour, une semaine sans que l’on voit fleurir sur les réseaux sociaux (technique ou pas) des annonces de mise en route, de commande ou au moins d’intention de s’équiper de ces giga presses de moulage pour l’injection d’aluminium sous haute pression et sous vide.
Des vidéos d’un constructeur du nord de l’Europe montrent déjà sa nouvelle usine, pas encore sortie de terre et qui intègre déjà ces fameuses giga presses dans son hall de montage carrosserie. La surenchère à la taille de ces presses est lancée, 6100 t*2, 8200 t, des 9200 t ont déjà été livrées… !!!
et peut-être bien que la barre symbolique des 10 000 t sera franchie rapidement ?
On parle des machines impressionnantes par leurs forces de fermetures certes, mais les outillages qui y sont montés le sont tout autant : 100 à 120 t excusez du peu ! Vous imaginez bien que pour gérer au quotidien ce genre d’outil les moyens de manutention sont à l’avenant…
Les transports exceptionnels ont aussi un bel avenir pour les livraisons des outillages neufs ou encore pour leurs allers et retours en modifications et maintenance.
Parlons aussi un peu des pièces qui sont produites sur ces giga machines : des grappes de plus de 125 kg d’aluminium injecté ! En voyant toute cette débauche de moyen et les gains de poids annoncés je ne peux m’empêcher de penser que si ce tournant avait été pris avec des véhicules thermiques, il est certain que la barre des 50 gr de CO2 au Km aurait été franchi bien plus facilement et les véhicules à 2l/100 km déjà présentés il y a quelques années dans différents salons seraient maintenant notre quotidien ;
donnant ainsi le temps à l’industrie automobile d’assurer sa transition, sans avoir à subir toute cette série de fermeture d’entreprise que nous vivons actuellement.
A l’heure du « remanufacturing*3 » de « l’upgrading*4 » (c’est déjà le futur de l’usine Renault de Flins et d’autres suivront ailleurs avec d’autres constructeurs), de la réutilisation des ressources, espérons que la réparabilité de ces véhicules, crées pour satisfaire à des exigences écologiques bien légitimes, le soient à moindre coût, sans quoi nous verrons se créer une autre fracture dans la société, ceux qui peuvent acheter et entretenir un véhicule électrique, et ceux qui n’en n’ont pas les moyens.
A contrario j’ai bien peur que ces géants ne soient aux pieds d’argile.
- 1 : « C’est la façon dont toutes les voitures électriques à l’avenir seront finalement fabriquées. C’est la bonne façon de faire les choses ».
*2 : les presses de moulage sont désignées par la force qui serait nécessaire pour les « réouvrir » quand le métal injecté à l’intérieur de la cavité exerce par sa pression sur toute l’empreinte une force supérieure à celle du verrouillage de fermeture. Pour fixer une comparaison les carters cylindres de moteur thermique se moulent sur des machines d’environ 2500 t.
3 : la re-fabrication : on part d’éléments déjà produits et on les réutilise en y ayant apporté peu ou pas de modifications.
- 4 : la mise à niveau, on apporte les modifications nécessaires pour satisfaire à plus d’exigences sur le produit