D’un point de vue industriel, le projet est porté par PSA/Opel et Saft, filiale de Total, qui ont annoncé ce jeudi la création d’une co-entreprise dénommée Automotive Cells Company (ACC). Elle sera dirigée par Yann Vincent, futur ex-directeur industriel de PSA, et qui a également dirigé l’usine Renault de Douai au début des années 2000.
Un centre de recherche et de développement à Bordeaux et un site pilote à Nersac démarrent la mise au point de la technologie de cellules lithium-ion de haute performance. PSA confirme qu’à l’issue de cette phase de développement, « la production en série est prévue d’être lancée dans deux Gigafactories à Douvrin en France puis à Kaiserslautern en Allemagne. »
L’information a été confirmée lors d’une réunion de conseil social et économique extraordinaire à l’usine PSA de Douvrin, ce jeudi après-midi. « La première batterie sortirait de l’usine en 2024, indique Fabrice Maciolek, secrétaire de FO PSA Douvrin. Mais aucun chiffre d’embauche n’a été annoncé. »
La future usine douvrinoise devrait avoir à terme une capacité de production de 24 GWh, atteinte en trois tranches successives de 8 GWh chacune entre 2023 et 2030.
Un projet global à 5 milliards
Ce projet à 5 milliards (dont 1,3 milliard de soutiens financiers publics français et allemand) avait été ébruité en décembre 2019 avec la décision de la Région Hauts-de-France d’apporter au dossier 80 M €, avec un objectif : que l’une des usines du projet soit implantée dans la région. Les espoirs, évoqués par Xavier Bertrand, le président de Région, portaient alors sur environ 2 000 emp lois. Les agglomérations de Béthune-Bruay, de Lens-Liévin, le syndicat intercommunal de la zone industrielle Artois-Flandres ont aussi validé de leur côté une aide financière de 41 M €.
Le territoire « fléché » ? Douvrin et Billy-Berclau, où s’étalait la Française de mécanique, filiale de PSA et de Renault jusqu’en 2013. Passée dans le giron de PSA, l’implantation industrielle sur 140 hectares a ensuite été « compactée » pour réduire les coûts et concentrer ses productions (trois familles de moteurs essence et diesel actuellement) dans quelques ateliers.
Ce qui s’est traduit sur place par la vente d’un terrain de 9 hectares (pour construire l’usine Atlantic), la cession d’un bâtiment (repris par un logisticien), et le vidage des bâtiments 2, 4 et 6 qui s’étendent sur près de 40 hectares libres aujourd’hui. Plusieurs dizaines d’hectares font aussi, à l’ouest de l’emprise, l’objet d’un plan de requalification.
Un investissement qui rassure localement
Aujourd’hui, PSA Douvrin produit environ 850 000 moteurs chaque année sur une implantation de 40 hectares, avec environ 1 700 salariés.
Ces délaissements de terrains et de bâtiments ont été un atout dans la manche de PSA Douvrin, en privilégiant la requalification d’un site plutôt que la consommation de terres. Des bâtiments inoccupés vont être rasés, un autre devrait être conservé. Cette création revêt un certain symbole, localement. Des syndicats de PSA Douvrin avaient manifesté quelque inquiétude sur l’avenir à moyen terme de l’usine actuelle, uniquement concernée par la production de moteurs thermiques, en perte de vitesse.
La cohabitation avec une usine qui hébergera une technologie d’avenir, de plus en plus utilisée dans l’industrie automobile, semble être de nature à conforter la pérennité de l’activité industrielle sur place.
Deux usines pour produire un million de batteries par an
Le projet surnommé « Airbus de la batterie » vise à constituer en Europe une filière de production de batteries lithium-ion pour véhicules électriques afin de gagner en indépendance vis-à-vis des fournisseurs actuels, tous asiatiques. Il est soutenu par l’Europe, la France, l’Allemagne et d’autres pays, et porté d’un point de vue industriel par le groupe PSA et Saft, filiale de Total. Ce programme à 5 milliards d’euros est soutenu à hauteur de 1,3 millard de fonds publics. La Région Hauts de France, le syndicat intercommunal de la zone industrielle Artois-Flandres et les communautés d’agglomération de Béthune-Bruay et de Lens-Liévin ont validé ensemble un soutien de 121 M € pour que l’usine française de ce programme soit installée à Douvrin.
Une ligne pilote de production de batteries chez Saft à Nersac, a été inaugurée par le président de la République en janvier 2020. Elle doit être mise en service mi-2021. C’est la première pierre de l’édifice, qui compte également l’usine française à Douvrin, et une autre en Allemagne. Les deux usines cumuleraient une capacité de 48 GWh, soit une production d’un million de batteries par an à l’horizon 2030. Soit « environ 10 à 15 % du marché européen » estimé à 400 GWh.