Selon le lobby du secteur, des licenciements chez Aston Martin, Rolls-Royce, Jaguar ou McLaren se profilent. « Une question de semaines plus que de mois », dit son dirigeant.
Par Nicolas Madelaine Publié le 24 avr. LES ECHOS
Si la chancelière de l’Echiquier, Rachel Reeves, qui va rencontrer Scott Bessent cette semaine à l’occasion des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, pouvait convaincre le secrétaire au Trésor américain d’éliminer les tarifs douaniers de 25 % imposés sur les voitures britanniques au même titre que sur les voitures européennes, le secteur automobile britannique lui en saurait gré.
Car si l’on en croit le patron de la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT), le lobby du secteur, les licenciements dans le segment du haut de gamme pourraient intervenir très rapidement. « Une question de semaines plutôt que de mois », a déclaré Mike Hawes, le DG de la SMMT, à la commission parlementaire spécialisée sur le business et le commerce, ce mardi.
L’impact des tarifs douaniers sera « sévère, significatif et immédiat », a-t-il indiqué en demandant un mécanisme de soutien à l’industrie si l’accord commercial en discussion entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis n’était pas signé ou s’il n’incluait rien pour soulager le secteur automobile outre-Manche.
Accord commercial
Les marques haut de gamme, c’est-à-dire Rolls-Royce, Bentley, Aston Martin, McLaren mais aussi Jaguar et Land Rover sont les premières concernées. Le Royaume-Uni a produit 905.233 voitures, utilitaires compris, en 2024 ( -12 %) dont 779.584 voitures pour particuliers (-14 %).
La production de voitures sur le sol britannique est exportée à 77,5 %. L’Union européenne est le premier débouché du secteur et les Etats-Unis sont son deuxième marché, avec des exports qui y ont bondi de 38 % l’an dernier. Or sur le marché américain, ce sont essentiellement des véhicules haut de gamme britanniques que recherchent les acheteurs. C’est le premier débouché de ce segment.
Selon Mike Hawes, les constructeurs automobiles à faibles volumes et modèles onéreux dépendent des Etats-Unis pour leurs exports dans une fourchette de 30 % à 50 %. Jaguar Land Rover, qui a su se redresser grâce à son positionnement encore plus haut de gamme, réalise 15 % de ses ventes aux Etats-Unis. Il a mis en pause le 6 avril ses exports vers les Etats-Unis.
Selon le « FT », les tarifs douaniers américains pourraient coûter à Aston Martin 30 millions de livres et donc avoir raison de ses profits cette année.
25.000 emplois menacés
Devant les élus du Parlement britannique, Mike Hawes a expliqué que si 50.000 livres de surcoût par rapport à un prix du véhicule de 200.000 livres pouvaient paraître absorbables pour cette catégorie de clients, ce n’était pas comme ça qu’ils réagissaient. « Ils voient ce qu’il se passe, ils attendent », a-t-il dit. L’Institute for Public Policy Research calcule que plus de 25.000 emplois dans le secteur outre-Manche sont menacés pour cette raison.
Alors que le secteur n’était déjà pas en bonne forme en raison de la difficile transition vers l’électrique, il commence à demander des mesures exceptionnelles rappelant l’époque du Covid-19, comme une suspension des cotisations sociales, une pause pour la TVA ou de la souplesse de la part de HMRC, le fisc outre-Manche. Surtaxé de 25 % également (en plus des 10 % qui affectent tous les exports britanniques vers les Etats-Unis), le secteur de la métallurgie formule les mêmes demandes.
