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Par : Fabrice
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dimanche 16 Nov, 2025
Catégorie : Selon la presse

Des armes de François Ier aux pièces nucléaires : Les Fonderies de Sougland, une doyenne qui innove

Par Charlotte de Saintignon

Nées en 1543 pour fournir des armes à François Ier, les Fonderies de Sougland (Aisne) figurent parmi les plus anciens sites industriels encore en activité en France. Récemment intégrées à l’ETI lyonnaise ACI Group, elles conjuguent savoir-faire ancestral et technologies de pointe pour servir le nucléaire, la Défense ou le naval.

Elles ont vu le jour en 1543, sous François 1er, pour fournir des armes à son armée. Témoignage de l’industrialisation progressive dès la Renaissance dans certaines régions françaises riches en ressources, les Fonderies de Sougland comptent parmi les plus anciens établissements industriels encore en activité en France.

Cinq siècles plus tard, ce fleuron labellisé industrie du futur, situé à Saint-Michel (Aisne), à quelques kilomètres de la frontière belge, produit des pièces de haute précision pour des secteurs stratégiques comme le nucléaire, le ferroviaire ou le naval. En dépit de la désindustrialisation et de la concurrence internationale, cette PME se maintient grâce à l’innovation et à la transition écologique.

L’innovation dès ses débuts

D’abord simple atelier avec haut-fourneau et raffinerie, l’entreprise voit vite son activité prendre de l’ampleur : outils agricoles, chantiers, commerce et armes. « Pendant des années, on a battu le fer pour fabriquer des armes et des outils », rappelle Yves Noirot, directeur actuel.

Durant la révolution industrielle au XIXe siècle, l’entreprise innovante ne cesse d’évoluer : c’est ici qu’est inventée la machine à émailler, opération dangereuse, jusque-là réalisée à la main — une amélioration des conditions de travail des ouvriers qui lui vaudra un premier prix à l’Exposition universelle de Paris en 1900.

De l’armée aux cuisines

Après la Seconde Guerre mondiale, Les Fonderies de Sougland rebondissent grâce à l’essor des cuisines individuelles. Au début du XXe siècle, elles se positionnent sur ce marché porteur en produisant des poêles et des cuisinières en fonte émaillée, rivalisant avec une autre fonderie toujours présente dans ce secteur, la fonderie Godin. Ensuite les Fonderies de Sougland produisent des cuisines complètes en tôle émaillée. L’usine connaît alors un véritable âge d’or, employant jusqu’à 1 000 salariés.

Mais l’arrivée du formica sonne le glas de cet essor. Alors vendue à une famille de maîtres de forge implantée en Haute-Marne, l’entreprise opère un virage radical dans les années 1960 pour éviter le déclin : elle stoppe la production des poêles et cuisinières pour le grand public et se tourne vers l’industrie, en fabriquant des pièces techniques sur mesure allant de quelques grammes à 2,5 tonnes.

20 % de l’activité à l’export

Yves Noirot a décidé il y a une dizaine d’années de « rejoindre une pépite dans le sillon des autres fonderies françaises et d’en faire une entreprise unique », aux côtés de la présidente d’alors, Florence Lang. Selon lui, la force de la PME est « sa capacité à s’adapter à son époque et aux événements ». Détenues depuis plus d’un demi-siècle par la famille Lang, les Fonderies de Sougland incarnent à la fois la tradition et l’innovation. Si les effectifs ont progressivement diminué, la renommée, elle, n’a cessé de croître.

En témoigne la part de l’export, qui représente aujourd’hui 20 % de son chiffre d’affaires, avec des clients tels que la marine américaine (US Navy) et des secteurs d’activité variés comme la construction navale, la sidérurgie, le ferroviaire, la robinetterie, le nucléaire ou la chimie. Une reconnaissance concrétisée en 2018 par le label Entreprise du Patrimoine Vivant, qui salue le mariage entre savoir-faire ancestral et innovation.

Industrie du futur

Tournée vers l’avenir, la PME a été rachetée à 100 % en janvier 2025 par l’ETI lyonnaise ACI Group (1 500 collaborateurs, 200 M€ de CA) et poursuit son développement dans des secteurs de pointe, comme le nucléaire, l’énergie et la défense. Son évolution vers l’usine du futur est en marche avec l’intégration de nouvelles technologies de fabrication : impression 3D, fabrication additive, développement de la chaîne numérique, interface homme-machine.

7 à 10 %

Pour rester à la pointe de la technologie, elle réinvestit chaque année entre 7 et 10 % de son chiffre d’affaires dans son service de recherche et développement, internalisé en 2015. Intégrée en juin dernier à l’Accélérateur nucléaire lancé par Bpifrance, la DGE et le CEA dans le cadre de France 2030, Sougland renforce son positionnement stratégique.

Un triptyque gagnant

Son triptyque gagnant ? Le made in France, la protection de la planète, et l’innovation. « Un triptyque qui génère une centaine de demandes entrantes chaque année d’entreprises que nous ne connaissons pas, et qui se convertissent en 25 nouveaux clients annuels », assure Yves Noirot, membre du Comex d’ACI Group et également maintenu à la tête de l’entreprise à la demande d’ACI Group.

Pour surmonter la flambée des coûts de l’énergie et des matières premières, les Fonderies ont fait plusieurs choix stratégiques comme le passage à la semaine de quatre jours afin de n’allumer ses machines que quatre jours par semaine pendant 10 heures au lieu de 8, ou encore celui de racheter à ses clients leurs pièces usagées pour les fondre et fabriquer de nouvelles pièces. Plus chères que celles issues des pays à bas coûts, ses pièces sont aussi plus résistantes, ce qui les rend compétitives.

Innovation verte

« Il n’y aura plus d’industrie demain sans innovation verte », insiste Yves Noirot. Certifiée ISO 9001, 14 001 et 50 001, l’entreprise cumule trophées : diagnostics décarbon’action et éco-flux avec bpifrance, certification EcoVadis, intégration à la communauté du coq vert en 2021. Les Fonderies de Sougland sont aussi certifiée Vitrine Industrie du Futur et depuis 2025 Origine France Garantie. Prochaine étape : développer l’économie de l’usage. « Au lieu de vendre certaines pièces pour chaudières biomasse ou d’incinération, nous allons les louer et assurer nous-mêmes la maintenance. Plus nous travaillerons en économie circulaire, plus nous serons compétitifs et vertueux », annonce le directeur.

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