La jeune chorégraphe Maud Blandel s’inspire des tarentelles d’antan. A l’affiche à Genève jusqu’à dimanche, sa ronde pour quatre danseuses sonne juste
Comment fait-elle, Maud Blandel, pour vous ébranler ainsi? Elle imagine d’abord un dispositif liturgique. Au milieu de la scène, une grosse cloche de cathédrale. Au premier plan, quatre longues cordes rattachées au bourdon. Chaque danseuse se positionne devant le sien. Dans cinq secondes, elles tireront ensemble, afin que la cloche descende d’un cran, plus près du sol. Tintinnabulent alors clochettes et clarines, ondée argentée ou cuivrée.
Vous avez dit tapis roulant métallique? Telle est l’œuvre du musicien Charlemagne Palestine, une référence. C’est sous cette averse que le quatuor commence sa course, à pas de loup, puis de biche, puis de centaure, effarouchés selon la tonalité, impérieux à l’improviste. Ce qui frappe alors, c’est l’attention de l’une au mouvement de l’autre, comme si chacune était un miroir pour les autres. Les bancs de poissons, les hardes de sangliers ne procèdent pas autrement.
Maud Blandel s’intéresse à nos rituels, archaïques ou actuels. Dans une précédente pièce, elle faisait défiler des pom-pom girls, ces fantassins en jupe courte qui sont censés amortir les chocs du football américain. Cette fois, elle détourne les tarentelles du sud de l’Italie. Elle en conserve le principe d’une ronde inexorable. Une danse à la fois minimale dans son expression et maximale dans son expansion.