Cet échange est intervenu alors que les 27 pays membres de l’UE s’activent pour sortir de la première phase de la crise du Covid-19, celle des mesures d’urgence et du confinement, qui a fortement affecté leurs économies. Ils entament un relatif retour à la normale et de la relance, qui se fait pur le moment en ordre dispersé, en particulier sur la gestion des frontières.
« Tout le monde sait qu’aucun pays ne s’en sortira tout seul », avait souligné au préalable l’Elysée, en insistant, comme il est de tradition, sur la nécessité d’une « convergence franco-allemande » en amont d’un accord entre les 27. Angela Merkel et Emmanuel Macron avaient d’ailleurs déjà insisté sur la nécessité « plus impérieuse que jamais » de l’engagement européen, à l’occasion d’un entretien téléphonique le 8 mai.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, doit présenter le 27 mai à Bruxelles les détails du programme de relance économique. Si la France et l’Allemagne proposent un plan de relance de 500 milliards d’euros, le Parlement européen a d’ores et déjà fait savoir qu’il souhaitait porter cette somme à 2.000 milliards pour faire face à la récession historique qui se profile pour 2020 dans la zone euro (-7,7 % selon les dernières prévisions de la Commission).
Vers « une réunion physique » des dirigeants des 27
Un sommet européen devra être convoqué pour négocier l’importance de la capacité d’emprunt, l’utilisation des fonds et les modalités des remboursements. A cette occasion, « une réunion physique s’impose compte tenu des enjeux », a précisé la Commission, alors que les dirigeants des 27 se sont réunis uniquement par visioconférence depuis le début de la crise.
L’une des questions non tranchées est de déterminer si ce plan de relance inclura des transferts de fonds directs (subventions) aux pays les plus atteints par le coronavirus – ce pour quoi plaident notamment l’Italie et la France – ou s’il s’agira de prêts à rembourser – ce qui est jusqu’ici plutôt la position des pays, appelés « frugaux », du nord de l’Europe.
Paradoxalement, le récent jugement très controversé de la Cour suprême allemande critiquant les programmes d’aide de la Banque centrale européenne (BCE) à la zone euro pourrait avoir fait bouger les lignes de l’Allemagne, jusqu’ici réticente à financer la solidarité financière en Europe.
Angela Merkel s’est ainsi prononcée, le 13 mai, en faveur d’une plus grande « intégration » de la zone euro, et en évoquant même la nécessité d’une « union politique ». « Il s’agit à présent … d’agir en responsabilité et de manière intelligente pour que l’euro puisse subsister ». « Il va subsister », a ajouté la chancelière, selon qui les Etats doivent davantage prendre leurs responsabilités et ne pas laisser à la BCE tout le travail.
En acceptant le principe d’une dette commune aux pays européens, l’Allemagne scelle un accord historique avec la France.