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Par : piwi
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jeudi 20 Nov, 2025
Catégorie : Economie

Claude Bébéar et Louis Schweitzer ont marqué leur époque.

Figures emblématiques du capitalisme français, Claude Bébéar et Louis Schweitzer ont marqué leur époque

.Ancien président-directeur général de Renault, Louis Schweitzer, mort le 6 novembre dernier, aimait rappeler que « l’on peut être de gauche, mais qu’il n’y a qu’une seule façon d’être patron ». (Photo Lionel Bonaventure/AFP)

Par François Vidal Les Echos – extraits

Rendre hommage à un disparu est une tradition.

Ces deux figures du capitalisme français, aux origines et au style de management très différents, ont profondément marqué l’histoire des entreprises qu’ils dirigeaient. Claude Bébéar a transformé une obscure mutuelle d’assurance normande en un leader mondial du secteur, tandis que Louis Schweitzer, lui, restera comme l’homme qui a réinventé la régie Renault, la propulsant dans le nouveau millénaire.

Ces parcours ont quelque chose d’exemplaire. ils constituent une forme de mode d’emploi de ce qu’un patron visionnaire peut faire pour son groupe et plus largement pour le pays.

Pour commencer, ces deux représentants de l’excellence française auront su s’ouvrir au monde plutôt que de s’en retrancher. Issus de Polytechnique pour l’un, de l’ENA pour l’autre, ils ont fait la preuve tout au long de leur carrière de leur capacité d’adaptation à un univers – déjà à l’époque – en profonde mutation. L’assureur montrera ainsi son aptitude à exploiter la financiarisation croissante de l’économie durant les années 1980 et 1990. Le PDG de Renault, lui, percevra l’impact de la mondialisation naissante de l’industrie.

Chez Claude Bébéar, la prise de conscience est précoce. Elle a lieu lors d’une expatriation de quelques années au Canada dans les années 1960.

Pour Louis Schweitzer, la « révélation » viendra durant ses années de « dircab » aux côtés de Laurent Fabius au ministère de l’Industrie puis à Matignon. Elle nécessitera d’ailleurs une forme d’aggiornamento idéologique pour cet homme de gauche qui conduira sans faiblir la lourde restructuration de la forteresse sociale qu’était alors la Régie, se soldant notamment par la fermeture de l’usine belge de Vilvoorde en 1997. Il aimait d’ailleurs rappeler que « l’on peut être de gauche, mais qu’il n’y a qu’une seule façon d’être patron ». Il le démontrera aussi en donnant naissance quelques années plus tard à l’embryon de Dacia, la marque low cost du groupe, actant de fait la nécessité de délocaliser une partie de la production.

Leurs parcours respectifs sont en outre des leçons de pragmatisme stratégique. Alors que personne ne les attendait, ni eux ni leur entreprise, ils auront transformé leurs contraintes en atouts, faisant preuve de ce qu’on pourrait qualifier de « french flair ». Si AXA a pu devenir un consolidateur insatiable du secteur de l’assurance, se lançant parfois à l’assaut de cibles plus grosses que lui, c’est grâce à la vision de « CB », comme l’appelaient ses collaborateurs, mais c’est aussi parce que la présence de mutuelles à son capital, a priori pénalisante, le rendait inopéable.

Louis Schweitzer aura plus de mal à composer avec l’Etat-actionnaire. La décision de Volvo de renoncer à fusionner avec la marque au losange en 1993 devra beaucoup au rôle que la puissance publique entend jouer dans le nouvel ensemble. Mais, une fois la privatisation menée à bien, la stabilité du tour de table de Renault jouera un rôle non négligeable dans la réussite du coup de poker japonais du dirigeant, la création de l’alliance Renault-Nissan, une forme d’union inédite dans le secteur.

Au-delà de leurs talents de bâtisseur ou de développeur, les deux disparus auront aussi été des voix qui portent dans le débat public et… dans le secret des conseils du CAC 40. Des rôles dans lesquels ils se sont beaucoup investis une fois le témoin transmis à leur successeur sans accroc. Ce qui mérite également d’être souligné. A la tête de la Halde, rebaptisée depuis Défenseur des droits, l’ex-PDG de Renault aura été très actif dans la lutte contre les discriminations. Au milieu des années 2010, il dirigera aussi le Commissariat à l’investissement.

Quant au fondateur d’AXA, qui s’est beaucoup investi dans la bataille pour le CV anonyme, il aura fait d’Entreprise et Cité puis de l’Institut Montaigne des acteurs écoutés et respectés sur les sujets économiques et de société.

L’époque a changé, mais les urgences, elles, sont identiques. Assurer la pérennité des fleurons français dans la compétition mondiale et faire entendre la voix des entreprises dans l’Hexagone. Elles n’ont peut-être jamais été aussi pressantes.

François Vidal

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