La classe moyenne américaine décroche
Définie comme l’ensemble des ménages dont le revenu avant impôts est compris entre deux tiers et deux fois le revenu médian, la classe moyenne est considérée tantôt comme vouée à disparaître dans une « société en sablier », tantôt comme pilier des sociétés modernes au cœur de l’adhésion démocratique.
L’aversion de la France aux inégalités explique le poids de sa classe moyenne : deux tiers de la population contre une moitié aux États-Unis où les inégalités, mesurées par le coefficient de Gini, sont 42 % plus élevées qu’en France en 2012. Qui plus est, l’érosion de la classe moyenne américaine est un phénomène ancien et marqué là où, en France, le mouvement ne s’amorce qu’en 2009.
Une évolution qui explique, s’il en était besoin, le plan « d’économie des classes moyennes » de Barack Obama. La comparaison cependant s’arrête là. La captation de la croissance par les hauts revenus est sans commune mesure outre-Atlantique. Les deux tiers de la croissance enregistrée entre 2002 et 2007 vont au top 1 %. Conséquence : le revenu médian connaît une augmentation d’à peine 2 % aux États-Unis sur la période 1996-2012 contre plus de 20 % en France.
Qui sont les Français de la classe moyenne ?
La probabilité d’appartenir à la classe moyenne en France varie très peu avec l’âge, même si en France et plus encore aux États-Unis les moins de 30 ans et les plus de 65 ans sont davantage représentés dans la classe des bas revenus que les âges intermédiaires.
Le niveau d’éducation est en revanche un déterminant majeur dans les deux pays. En France en 2012, la probabilité d’appartenir à la classe moyenne est la plus forte pour les équivalents Bac + 2 (76 % contre 67 % dans la population générale) et celle d’appartenir aux hauts revenus pour les Bac + 3 et plus (30 % contre 10 %).
Ces écarts sont plus marqués aux États-Unis, trahissant un « rendement de l’éducation » nettement supérieur. Sans surprise, il est préférable aux États-Unis comme en France d’être un couple marié, sans enfants pour appartenir aux hauts revenus et « avec » pour appartenir à la classe moyenne ! À l’opposé, les familles monoparentales sont surreprésentées dans la classe des bas revenus et leur situation se dégrade en France avec un recul de 3,5 points de leur probabilité d’appartenir à la classe moyenne entre 1996 et 2012. Dans une situation initiale moins favorable, le même recul de la classe moyenne est observé pour les personnes étrangères, mais en direction des bas revenus en France et des hauts revenus aux États-Unis.