Au Salon du Bourget, les commandes d’avions sont reparties à la hausse et les prévisions du trafic aérien pour l’été battent tous les records. Une véritable course à l’abîme pour Gaspard Koenig, pour qui le dépaysement est à nos portes. Nul besoin de traverser la planète.
« La transition écologique ne peut reposer sur le seul calcul comptable des émissions carbone. Elle doit inspirer un autre rapport au monde, plus patient, plus sobre et aussi plus libre. »
« La transition écologique ne peut reposer sur le seul calcul comptable des émissions carbone. Elle doit inspirer un autre rapport au monde, plus patient, plus sobre et aussi plus libre. » (Shutterstock)
Par Gaspard Koenig (philosophe)
Gagné par la « flygskam » (honte de voler), je n’ai pas pris l’avion depuis deux ans. Les chiffres sont clairs : selon le Shift Project, alors que l’avion long-courrier représente 2 % des voyages des Français, il émet un tiers des gaz à effet de serre du secteur ; selon l’Ademe, l’impact de l’avion sur le climat est environ 200 fois supérieur à celui du TGV pour un même trajet.
Pour tous mes déplacements en France ou dans les pays voisins, je trouve donc des combinaisons ferroviaires, en attendant la résurrection prochaine des trains de nuit. Pour les vacances, j’ai renoncé à l’illusion de l’exotisme, conscient que je n’aurai pas assez d’une vie pour découvrir tous les recoins du territoire français, inépuisable dès qu’on évite les points de fixation touristiques.
C’est peut-être le non renoncement à l’utilisation qui fera avancer la réduction des émissions et non son contraire prônant la marche à pieds, le vélo et pas le renoncement aux voyages.
Pendant le salon du Bourget il à été annoncé une croissance très forte du traffic aérien au moins pour la décennie à venir et c’est peut-être à que se situe la chance.
Les avionneurs et motoristes sont certainement moins sourds que les constructeurs automobiles: allègement des cellules, réduction forte des consommations de carburant, mise en place de moyens complémentaires d’énergie (panneaux solaires, batteries électricité).
Olivier de Andriès, Directeur général du groupe français SAFRAN à annoncé haut et fort qu’il désirait que son groupe soit la première offre en terme de moteurs propres. L’enjeu est autrement plus ambitieux que celui de ne plus voyager.
Cette démarche est déjà amorcée et n’a certainement pas fini de nous surprendre.