La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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vendredi 29 Juin, 2018
Catégorie : Selon la presse

Ce n’est pas demain qu’on va arrêter de casser des cailloux

C’est l’histoire d’une usine promise à la fermeture depuis des années. L’histoire d’une centaine d’ouvriers traumatisés par dix-huit années de gestion d’un fonds de pension américain. Mais c’est aussi l’histoire d’un actionnaire chinois qui tient ses engagements. Et aussi celle d’une figure locale de l’économie costarmoricaine qui tend la main à l’un de ses fournisseurs. Cette histoire, c’est celle de Manoir Saint-Brieuc.

Le personnage central du récit s’appelle Patrick Ducatillon, un ingénieur venu d’un petit village placé entre Maubeuge et Valenciennes. Un ancien directeur d’usines passionné, âgé de 60 ans (dont quarante passés dans la métallurgie) et convaincu de l’avenir de l’industrie en France.

Quatre mois pour monter un projet de reprise
Lorsqu’il débarque à Saint-Brieuc en septembre 2016, le directeur arrive dans une fonderie en vente. « Dès octobre 2015, l’actionnaire chinois avait annoncé sa volonté de se désengager, car l’activité de l’entreprise (la fabrication de pièces d’usure pour les carrières, cimenteries et autres tuileries) ne correspondait pas à son activité de base », relate Patrick Ducatillon.

Le nouvel arrivant a convenu avec le patron de Yantai Tanhai de lui proposer un projet de reprise dans un délai de quatre mois. L’idée du nouveau directeur, c’est de s’associer aux cadres de l’entreprise briochine, de s’appuyer sur le savoir-faire historique des salariés et de faire fonctionner l’usine comme une PME, « pour gagner en souplesse et déplacer le centre de décision ici ».

Le scepticisme initial des salariés
Du côté des 130 salariés, habitués aux
changements de directeurs (treize au cours de ces trente dernières années) et aux promesses non tenues, l’idée n’est pas vraiment accueillie avec enthousiasme. « Le projet ne nous paraissait pas clair à l’époque et, en plus, nous avions enchaîné les combats durs avec nos précédentes directions », se souvient Jérôme Malard, le secrétaire du comité d’entreprise, militant à la CGT.

Dans les semaines et les mois qui suivent, le plan de reprise prend forme et « le climat social change ». Les pouvoirs publics (agglomération de Saint-Brieuc et région Bretagne) se décident à soutenir le projet. « Compte tenu de l’enjeu des emplois, il était impossible pour la région de ne pas soutenir ce projet innovant et stratégique », précise Martin Veyrier, le vice-président en charge de l’économie à la région.

Loyer divisé par quatre

Parallèlement, les repreneurs doivent régler l’un des principaux soucis de l’entreprise : celui des terrains, vendus en 2008 à une société immobilière israélienne, qui impose depuis un « loyer prohibitif » à Manoir : 1,30 M€ par an. C’est ici qu’intervient Bertrand Lessard, patron des carrières du même nom.

Manoir Saint-Brieuc repris par ses cadres

Son groupe est l’un des poids lourds de l’économie costarmoricaine (300 salariés, 80 M€ de chiffre d’affaires) et l’usine briochine de la rue Jules-Ferry est l’un de ses principaux fournisseurs. Sur la même longueur d’onde que Patrick Ducatillon, le chef d’entreprise se décide à accompagner doublement les cadres dans leur projet de reprise. En devenant actionnaire de la nouvelle société, mais également en achetant les terrains et en divisant le loyer par quatre.

« Un vrai industriel, pas un patron voyou »
Mais celui qui va réellement rendre possible le rachat de Manoir Saint-Brieuc, c’est son propriétaire chinois : Monsieur Wang. « Il a rempli son rôle d’actionnaire jusqu’au bout et c’est tout à son honneur. C’est un vrai industriel », commente Patrick Ducatillon. L’homme d’affaires chinois cède non seulement l’entreprise pour l’euro symbolique, mais il verse en plus une subvention au montant « extrêmement significatif ». « Ce n’est pas un patron voyou avec une vision court-termiste. Il a sûrement fait ses calculs, notamment en termes d’image ».

L’homologation ce mardi, par le tribunal de commerce de Paris, de l’accord de conciliation entre les différentes parties, lance officiellement l’aventure. Les chantiers ne manquent pas : se trouver un nouveau nom, concentrer l’activité dans un seul bâtiment alors que le site est très étendu (10 ha), moderniser le process de fusion…

Et s’il est beaucoup trop tôt pour dire si la reprise de Manoir Saint-Brieuc sera une réussite, les perspectives de développement ne manquent pas. « Notre chance, c’est de fabriquer du consommable, et ce n’est pas demain qu’on va arrêter de casser des cailloux », conclut Patrick Ducatillon.

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1 commentaire pour : "Ce n’est pas demain qu’on va arrêter de casser des cailloux"

  1. Les investissements prévus sont davantage destinés à augmenter la productivité que les volumes.

    Le tribunal de commerce de Paris vient de valider l’accord de conciliation qui permet aux cadres de cette fonderie d’en devenir les propriétaires moyennant un accompagnement du groupe chinois Yantai Tanhai, l’actionnaire sortant.
    La fonderie Manoir Saint-Brieuc repasse sous pavillon national. Le tribunal de commerce de Paris vient en effet d’homologuer l’accord de conciliation qui permet au groupe chinois Yantai Tanhai de céder ce spécialiste des pièces de fonderie d’usure pour les travaux publics à sept de ses cadres et un agent commercial.

    « L’accord passe également par la cession du terrain et des bâtiments qui sont rachetés par le groupe de travaux public…

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