LES ECHOS –Par Jean-Marc Vittori
Elles sont pourtant appelées à jouer un rôle essentiel dans la transition énergétique. L’Union européenne doit réagir face à la concurrence déloyale.
La flambée de l'énergie dévaste les industriels européens . En particulier, les « électro-intensifs », ceux qui consomment d'énormes quantités d'électricité. Aux Pays-Bas, une usine de zinc va s'arrêter de tourner le 1er septembre. En Slovaquie, une fonderie d'aluminium va fermer.
La métallurgie européenne a perdu la moitié de ses capacités de production en quelques trimestres. Et c’est une catastrophe. Car ce n’est pas la faute de la demande, même si le ralentissement de l’économie mondiale va peser sur les achats. Les stocks sont bas. Et la transition écologique vers une économie moins émettrice de gaz carbonique va exiger d’immenses quantités de métaux pour construire des éoliennes, des batteries, de nouveaux réseaux.
Prix du carbone
Ce n’est pas plus un problème mondial d’offre. Dans d’autres pays, des usines métallurgiques continuent de tourner apparemment sans difficulté. Il y a donc un problème européen. Ce problème vient bien sûr de la dépendance du Vieux Continent à l’égard du gaz russe. Les métaux s’échangent sur un marché mondial, tandis que le gaz est pour l’instant un marché local à la géographie déterminée par les tuyaux reliant pays producteurs et consommateurs.
Mais il y a au moins deux autres menaces sur la métallurgie européenne. D’abord, l’énergie qu’elle achète est soumise à un prix du carbone auquel échappent ses rivales. Un dispositif de taxe carbone aux frontières devrait permettre de régler ce problème.
Ensuite, d’autres pays sont en mesure de mener une politique industrielle différente, en offrant à leurs métallurgistes de l’énergie moins chère, d’une manière ou d’une autre. Et cette énergie permettrait à leurs producteurs de métaux d’être plus compétitifs que les Européens.
Concurrence déloyale
En la matière, ce qui se passe aujourd'hui est à l'opposé de ce qui s'était passé lors de la flambée précédente des prix de l'énergie, il y a un demi-siècle. A l'époque, le monde s'ouvrait. Bientôt, la Chine allait libérer son économie, et le Rideau de fer isolant l'URSS et ses affidés du reste du monde allait tomber. Le marché déterminait de plus en plus les prix, avec une concurrence réelle à défaut d'être parfaite.
Dans un monde qui se referme, c’est l’inverse. La concurrence sera de plus en plus déloyale. Les pratiques de dumping vont se multiplier, face à une Organisation mondiale du commerce impuissante. Il est urgent que l’Europe adapte sa politique à ce nouveau monde. En particulier dans la métallurgie, non seulement point de départ de la construction communautaire il y a plus de soixante ans, mais clef de la future transition écologique.
