L’ Humanité -LÉONARD DE VINCI ET LE PEUPLE AU TRAVAIL
Issu du Popolo grasso de Florence mais marginal dans ce milieu, Léonard de Vinci resta fidèle à ses racines paysannes et populaires jusqu’à la fin d’une existence passée à lutter pour la reconnaissance.
Sur un feuillet conservé à Windsor, Léonard dessine un homme au travail. Il s’agit d’un chaufournier, c’est-à-dire un ouvrier très utile sur les chantiers puisqu’il fabrique dans son four la chaux nécessaire au ciment. Tous les instruments de ce travail pénible sont là, râteaux, pelle, tamis, etc.
L’homme est nu, comme une figure mythologique, exactement comme sont nus les travailleurs qui s’affairent tels des Lilliputiens à la fabrication d’une bombarde gigantesque sur un autre dessin. Toutefois, cette musculeuse figure du chaufournier n’est peut-être pas totalement anonyme quand on sait que le beau-père de Léonard exerçait ce métier.
La plume de l’artiste a fréquemment croqué les travaux et les jours des hommes ordinaires. Sont ainsi particulièrement émouvants ces dessins où on voit des paysans toscans abattre des olives à l’automne ou labourer la terre. À Milan, Léonard a même offert un banquet à des gens du peuple pour saisir sur le vif leurs rires et leurs expressions alors qu’il les abreuvait de plaisanteries grotesques.
Il connaît bien ce monde car ce fils illégitime d’un notaire de Vinci appartient à une strate culturelle intermédiaire située entre les lettrés et les illettrés qui émerge précisément à la Renaissance...
’un créateur hors du commun issu de la terre et des ateliers d’artisans de la Toscane du Quattrocento.