L’indépendant –
Perché sur son escabeau, tamponnoir à la main, il « tapote » avec délicatesse les cuisses de « L’action enchaînée sans bras », l’une des plus imposantes statues de Maillol.
Jean Dubos, Banyulenc d’adoption, Angevin d’origine, est chargé de l’entretien des Maillol en bronze exposés dans les rues et place de Banyuls. Ce natif de Saumur, après avoir fait trois années d’apprentissage, puis le tour de France des compagnons en tant que chaudronnier, formeur de cuivre, est devenu compagnon du devoir et Meilleur ouvrier de France cuivre.
C’est au sein de la célèbre fonderie De Coubertin dans la région parisienne, plus exactement dans la vallée de Chevreuse qu’il a franchi après 37 années de labeur toutes les étapes du métier, moulage, sculpture, patine. Une longue et riche carrière, à l’issue de laquelle il a décidé de venir prendre sa retraite à Banyuls, où à la demande de la mairie et de la fondation Dina Vierny-musée Maillol, il est chargé de l’entretien des statues en bronze de Maillol. Rencontre.
Quel est l’objet de la patine ?
La patine est un « art » à part, la technique s’apprend sur le tas la plupart du temps, au sein d’une fonderie, et cet apprentissage demande patience, délicatesse et un grand savoir-faire. Je fabrique moi-même les patines, il faut essayer et réessayer, il n’y a pas de miracle. Une fois trouvé le bon mélange, la technique est de toujours « tapoter », car c’est le seul moyen d’avoir des nuances, sinon il y a des traces et ces traces resteront indéfiniment. Pour la reprise d’une statue comme
L’action enchaînée sans bras, il faut environ 18 heures de travail, parce qu’en amont, il s’agit de préparer les produits, de subtilement les doser. Avant d’attaquer le travail, il est indispensable de dégraisser le bronze, avec de l’acétone, c’est la toute première opération. Puis, très progressivement faire des « touches » et rectifier au fur et à mesure de l’avancement du travail, car en la matière, il n’y a rien d’écrit par avance.
Vous devez faire des préparations au fur et à mesure de l’avancement du travail ?
Oui, bien sûr, la base, c’est le vert Wagon que je prépare à partir d’une poudre. Mais, j’ai là des ocres, des bruns que je prépare toujours avec la même cire, de façons différentes pour avoir des effets différents. Il ne s’agit pas d’une patine à chaud, la technique est plus proche de celle de la peinture.
Ces bronzes exposés en extérieur demandent-ils un entretien particulier ?
Après une patine à chaud, si le bronze est conservé à l’intérieur, il ne nécessite pas vraiment d’entretien. Mais ici, exposés à l’extérieur, avec le vent, le sel, le sable, la pollution des voitures, un entretien régulier est absolument nécessaire, car tous ces phénomènes perturbent la surface des statues, sachant que le bronze, lui, n’est pas abîmé.
Cet entretien doit se faire régulièrement ?
C’est préconisé tous les ans, mais, à Banyuls, nous le faisons par moitié tous les deux ans. C’est la politique qui a été retenue par la municipalité, sachant que cette périodicité semble à l’usage satisfaisant.
Parmi tous les Maillol banyulencs, il y a l’imposant monument aux Morts de l’île Grosse. En faites-vous aussi l’entretien ?
Oui, au même titre que l’ensemble des autres statues. Son entretien, compte tenu de son importance, demande à lui tout seul une semaine complète de travail !