Malgré un contexte difficile, ArcelorMittal envisage d’investir plus de 30 millions d’euros à Basse-Indre
Le site d’ArcelorMittal de Basse-Indre, près de Nantes (Loire-Atlantique), fête son bicentenaire. Spécialisé dans l’acier plat pour le packaging, il devrait bénéficier d’une nouvelle vague d’investissements de plus de 30 millions d’euros pour se moderniser et se digitaliser… malgré les craintes liées à une concurrence chinoise sans précédent.
EMMANUEL GUIMARD L’ Usine Nouvelle
Mis à jour 17 Sept. 2024
L’usine d’ArcelorMittal de Basse-Indre, près de Nantes (Loire-Atlantique), prévoit plus de 30 millions d’euros d’investissements d’ici la fin de la décennie. La direction française précise cependant que ce projet n’est pas encore validé à ce stade.
L’usine, qui emploie désormais 342 salariés, a aussi repris depuis deux ans les recrutements, à raison de 20 à 25 personnes par an. Spécialisé dans l’acier plat pour l’emballage (boîtes de conserve, notamment à fond à ouverture facile, capsules de bouteilles, bombes aérosols, etc.), ce site industriel, qui fêtait le 13 septembre son bicentenaire, continue donc à préparer l’avenir malgré les conditions adverses suscitant une certaine inquiétude en interne.
Concurrence chinoise
Comme toute la sidérurgie européenne, l’usine est, en effet, exposée aux importations chinoises à très bas prix et à la fermeture des frontières américaines à l’acier européen début 2023. «Le marché européen est structurellement en baisse depuis plusieurs années, rappelle Mathieu Jehl, directeur général d’ArcelorMittal France. Le premier sidérurgiste européen, ce n’est plus ArcelorMittal mais l’importation.»
De ce fait, la production du site de Basse-Indre a chuté de 50% en 2023 pour s’établir à 130000 tonnes, le site pouvant aller jusqu’à 260, voire 280000 tonnes. «Nous n’avons pas baissé les prix pour autant et le site est resté rentable», souligne Thierry Poirier, son directeur depuis deux ans. La production remonte cette année et devrait avoisiner les 180000 tonnes. La visibilité manque encore pour 2025.
Suppression du chrome 6
Le gros de l’investissement (environ 30 millions d’euros) vise à supprimer l’usage du chrome 6, ce produit devant être interdit en Europe en 2029. Avant cela, en 2025, des investissements en robotique sont prévus pour la sécurisation de la ligne 1 avec l’ajout d’un procédé d’échantillonnage de «coquilles automatisées» pour protéger les opérateurs (1,5 million d’euros environ).
Dans le même esprit, est prévue l’automatisation de la manutention sur un autre process (1 à 1,5 million d’euros). A cela s’ajoutera un important projet de digitalisation avec la migration des pupitres de commandes de l’usine, la mise en place d’équipements connectés pour les opérateurs, d’un traçage RFID, l’apport de la réalité virtuelle, de big data, etc.
Ligne de revêtement électrolytique Ligne 1 sur le site d’ArcelorMittal de Basse-Indre. ©ArcelorMittal
Le process se poursuit par l’écrouissage permettant un allongement de l’acier et de lui conférer l’aspect voulu, brillant ou mât. Vient ensuite le passage par les lignes de revêtement par process électrolytique afin de couvrir la feuille d’acier d’une mince couche d’étain ou de chrome. Le produit fini sort en bobine ou en feuilles à destination des clients.
Basse-Indre dessert les marchés de l’Europe du Nord, son équivalent d’Avilés, en Espagne, répondant au marché d’Europe du Sud. En France, alors que l’usine de Florange (Moselle) produit les gros volumes d’acier pour emballage, Basse-Indre répond à la demande de clients plus nombreux sur des petites séries.