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jeudi 29 Mai, 2025
Catégorie : Automobile

Antonio Filosa ; Un inconnu du grand public, mais pas une surprise pour les professionnels de l’automobile

Un inconnu du grand public, mais pas une surprise pour les professionnels de l’automobile.

A 52 ans, l’Italien Antonio Filosa est depuis vendredi le nouveau directeur général de Stellantis, six mois après le départ forcé de Carlos Tavares.

Ancien patron de Jeep et fin connaisseur des Amériques, le nouveau boss a pris soin de réserver sa première visite officielle à la France : il s’est rendu à Sochaux, berceau historique de Peugeot.

Tour d’horizon des chantiers en cours pour le troisième constructeur automobile mondial, né de la fusion de PSA et Fiat-Chrysler.


Les premiers pas très diplomatiques en France du nouveau patron italien de Stellantis

Antonio Filosa a réservé sa première visite à la France pour ménager les susceptibilités locales. Il faut aussi avoir des talents de diplomate pour diriger un groupe aux racines à la fois américaines, italiennes et françaises.

John Elkann et Antonio Filosa à l'usine de Sterling Heights, dans le Michigan aux Etats-Unis. Certains à Detroit interprètent la nomination d'Antonio Filosa comme une revanche du camp américain. (SHAP)
John Elkann et Antonio Filosa à l’usine de Sterling Heights, dans le Michigan aux Etats-Unis. Certains à Detroit interprètent la nomination d’Antonio Filosa comme une revanche du camp américain. (SHAP) (DR)

Par Guillaume Guichard

Publié le 28 mai 2025 à 17:45Mis à jour le 28 mai 2025 à 18:11
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La visite est hautement symbolique. Pour prendre la tête d’un groupe comme Stellantis, aux triples racines italienne, française et américaine, il faut en effet avoir un fin sens politique et diplomatique. Le nouveau directeur général de Stellantis, l’Italien Antonio Filosa, a pris soin de faire ses premiers pas avec ses nouveaux habits de directeur général du groupe dans des sites hexagonaux.

Mercredi matin, le Napolitain a visité le site de R&D de Carrières-sous-Poissy, en région parisienne. Puis, l’après-midi, il s’est inscrit dans une longue tradition : comme chaque patron de Peugeot, puis de PSA, il s’est rendu à Sochaux (Doubs), berceau historique des Peugeot. Il devait y visiter l’usine qui produit les SUV 3008 et 5008 de la marque au lion, avant d’arpenter le musée Peugeot. Puis, jusqu’à fin juin, il écumera les différents sites du groupe autour du monde.

Ménager les susceptibilités

En nommant un Italien, le conseil d’administration présidé par le représentant de la famille Agnelli, John Elkann, savait qu’il devait prendre garde à ménager les susceptibilités françaises. Même si elles ont disparu au sein du groupe issu de la fusion entre Fiat-Chrysler et PSA, les rivalités transalpines persistent encore à l’extérieur.

Le ministre italien de l’Industrie, Adolfo Urso, n’a pas caché sa joie, saluant « un excellent choix ». Son homologue français n’a pas donné suite à la sollicitation des « Echos » pour réagir sur le sujet. La presse italienne savoure une petite revanche. « Un Italien est à la barre », claironne le quotidien économique « Il Sole 24 Ore ».

« Toute l’industrie automobile de nos chers cousins français, enviés, courtisés, critiqués, suspectés, est désormais dirigée par des Italiens [avec Luca de Meo chez Renault, et Antonio Filosa chez Stellantis, NDLR], s’amuse pour sa part l’éditorialiste du « Corriere della Sera », Ferruccio De Bortoli. Mais cette petite satisfaction […] est évidemment gâchée par le fait que l’Etat français est au capital de [Stellantis] et que l’Etat italien n’y est pas. »

Des syndicats partagés

Carlos Tavares, bien que portugais de nationalité, était issu de l’écurie française de PSA (et avant cela, de Renault). Les responsables politiques et syndicaux italiens l’avaient plutôt mal pris, craignant une mainmise française et un certain favoritisme pour les usines hexagonales.

A leur tour, certains syndicats de ce côté des Alpes s’inquiètent de la nomination d’Antonio Filosa, à l’heure où le sort de certaines usines françaises peut paraître incertain. La CFDT demande ainsi dans un communiqué publié mercredi matin d’être rassurée sur « une répartition équilibrée des activités sur les différentes plaques géographiques ne reléguant pas la France et l’Europe au second plan ».

La CFE-CGC est moins inquiète. « Grâce notamment aux efforts de réduction des surfaces, ainsi que sur la qualité, nos usines françaises sont bien positionnées dans la compétition interne entre sites, relève le délégué syndical central du syndicat des cadres, Laurent Oechsel. Et puis, il faut prendre de la hauteur : nous sommes un groupe international. Comme chez Airbus, le patron ne peut pas toujours être français. »

Le choix de la compétence

Les messages diplomatiques sont également passés de façon subliminale. Ainsi, sur les trois citations de membre du conseil d’administration figurant dans le communiqué de presse, deux sont françaises, Robert Peugeot et Nicolas Dufourcq, dirigeant de Bpifrance. Cela reflète aussi la structure du capital de Stellantis, avec la famille Agnelli (15,97 % du capital), la famille Peugeot (7,967 %) et l’Etat français via Bpifrance (6,69 %).

Certains à Detroit interprètent la nomination d’Antonio Filosa comme une revanche du camp américain, après que les équipes de Detroit ont été malmenées par la précédente équipe dirigeante. Il est difficile de savoir à ce stade quel équilibre des pouvoirs installera le nouveau directeur général. L’Italien ne dévoilera son comité exécutif qu’après le 23 juin, date à laquelle il entrera pleinement en fonction.

Dans l’entourage du constructeur, on souligne qu’avant tout, c’est la compétence qui prime. Et que Stellantis compte d’excellents cadres italiens, américains et français. Ces derniers devraient donc continuer à être représentés au plus haut niveau de l’entreprise. En parallèle, John Elkann a profité de sa période d’intérim pour redonner de la latitude à chacune des trois grandes régions du groupe . Une manière, aussi, de sortir par le haut du débat sur les équilibres nationaux au sein du constructeur.

Guillaume Guichard

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