Entre Renault et Stellantis, la prééminence sur le marché français a toujours fait l’objet d’une rivalité farouche. Les chiffres publiés lundi sur les immatriculations du mois de novembre vont donc faire date. Après s’être rapprochées pendant des années, les courbes viennent de se croiser, et le groupe au Losange vend désormais plus de voitures dans l’Hexagone que son éternel concurrent.

Renault était déjà passé devant durant les mois de septembre et d’octobre, mais Stellantis gardait l’avantage au cumul depuis le début de l’année. Ce n’est plus le cas. Sur les onze premiers mois de 2025, le groupe Renault a immatriculé 389.306 voitures particulières en France, ce qui représente une hausse de 2,59 % sur un an et une part de marché de 26,67 %.

Stellantis toujours en tête dans les utilitaires

Dans le même temps, les mises à la route de Stellantis ont reculé de 8,04 %. Et les 386.447 voitures immatriculées ne représentent « que » 26,47 % des ventes, ce qui laisse d’un cheveu la place de leader à la maison d’en face.

Chez Stellantis, on souligne que le constructeur est toujours numéro un lorsqu’on inclut dans le comptage le segment des véhicules utilitaires. Les chiffres montrent également que la bonne tenue de Renault ce mois-ci doit beaucoup aux ventes tactiques, avec près de 40 % des immatriculations de novembre à destination des loueurs courte durée. Un coup de chaud ponctuel, qui n’est pas représentatif de la remontada du Losange.

Voir Renault revenir à la hauteur de Stellantis paraissait difficile à imaginer il y a cinq ans, lorsque Stellantis a vu le jour après la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler. A l’époque, Renault était en déshérence, alors que les marques de PSA étaient en pleine forme.

Avec le renfort de marques de l’ex-FCA (Fiat, mais aussi Jeep, Alfa Romeo…), Stellantis affichait 36 % de part de marché au premier trimestre 2020, soit 14 points de plus que Renault ! Dans un secteur ultra-concurrentiel, où l’on se congratule pour trois dixièmes de points grappillés sur un an, cet écart entre les deux constructeurs avait des airs de gouffre. Il a disparu en moins de cinq ans.

A chacun son cycle

La distance s’est d’abord amenuisée du fait des choix de Carlos Tavares, l’ex-patron de Stellantis, qui a donné la priorité à la valeur (le niveau des marges) sur les volumes. Lorsque la part de marché de Stellantis a décliné, personne ne s’est alarmé, puisque les marges battaient des records.

La part de marché du groupe franco-italo-américain a glissé à 31,2 % sur l’ensemble de l’année 2022, puis 27,4 % l’année suivante. Le constructeur est alors entré dans un bas de cycle, avec des locomotives des ventes qui s’essoufflent (chez Peugeot) et la dégringolade de Fiat, qui a vu ses ventes divisées par deux en deux ans.

Renault, à l’inverse, est dans un haut de cycle. La flopée de nouveaux modèles lancée par Luca de Meo a trouvé son public, et le groupe est porté depuis un an par le succès de la Clio restylisée (très largement numéro un des ventes devant la Peugeot 208), de la R5 ou encore du Symbioz.

Pour le constructeur, l’enjeu est de réussir un deuxième cycle consécutif pour maintenir un étiage haut dans les années à venir. Stellantis, à l’inverse, peut rêver à des lendemains meilleurs, avec notamment Citroën, bien malmené cette année, qui donne des signes de renouveau. Entre les deux frères ennemis, le match est loin d’être joué.