« Il y a un silence de mort » : après 600 ans d’existence, l’une des plus anciennes entreprises de France ferme ses portes dans l’Isère
Créées il y a près de 600 ans à Apprieu, les aciéries de Bonpertuis viennent d’être placées en liquidation judiciaire. Un coup très dur pour ce territoire industriel déjà en souffrance.
La légende raconte que l’épée de François 1er y a été forgée. Au nord de l’Isère, les forges de Bonpertuis font la fierté des habitants d’Apprieu depuis près de six siècles. Mais malgré son histoire multiséculaire initiée par les pères Chartreux en 1434, l’entreprise qui a survécu à toutes les crises et toutes les guerres depuis la Renaissance a fini par être placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon, le 23 octobre dernier. La société n’arrivait plus à faire face à l’explosion des prix des matières premières et de l’énergie, selon le groupe Forlam, son propriétaire.
« Cette usine, c’est toute ma vie »
« C’est un coup dur. Je n’y crois toujours pas », se désole Neteljko Delac, 54 ans, salarié depuis 36 ans aux aciéries de Bonpertuis. « Cette usine, c’est toute ma vie. J’ai grandi dans le village car mon père travaillait à l’usine, et j’ai été embauché à mon tour. De voir cet endroit fermer du jour au lendemain, ça m’a fait un choc. J’en ai eu les larmes aux yeux… ».
Avec l’arrêt définitif des fours, ce sont 68 emplois qui sont supprimés en Isère. Jusqu’à 500 personnes faisaient tourner les forges dans les années 1970. « Mes grands-parents, mes parents et mes oncles ont fait carrière à Bonpertuis, témoigne Philippe Mélo (50 ans), salarié depuis 30 ans. Ça fait mal au cœur. C’est la fin d’une histoire familiale. Je suis passé par tous les postes : moulage, fonderie, laminoir… Je ne pensais pas que ça pouvait s’arrêter d’un coup. »
Sur ce site industriel historique, les bâtiments les plus récents côtoient les unités de productions érigées durant le XIXe siècle, aux murs noircis par la suie des fourneaux. Une haute cheminée de briques d’une dizaine de mètres de haut datant de 1859, dernière de ce type encore debout en France, est même inscrite aux Monuments historiques. Mais la frénésie qui régnait ici a disparu depuis l’annonce de la liquidation judiciaire.
« C’est désert », constate Louise, amère, une habitante d’Apprieu dont les parents d’origine portugaise ont travaillé toute leur vie aux aciéries. « Avant on entendait en permanence le bruit des machines et des barres d’acier qui tombaient en sortant des fourneaux. Il y a un silence de mort maintenant ».
« On faisait un acier d’une excellente qualité. On était fier »
Le savoir-faire ancestral des maîtres de forge de Bonpertuis était prisé des couteliers français et étranger comme Laguiole, Victorinox, ainsi que d’Alstom, Siemens, Seb… « On faisait un acier d’une excellente qualité. On était fier », insiste Manuel Teixera, père de Louise et ouvrier à la retraite de 81 ans, venu du Portugal à 26 ans avec sa femme Conception pour trouver du travail aux aciéries. Depuis leur maison ouvrière qui jouxte l’usine, il continuait à admirer les fourneaux crachant de l’acier rougeoyant.
« Une boîte aussi ancienne, on croit qu’elle ne fermera jamais, poursuit-il Et pourtant si, c’est arrivé. C’est trop triste. On était une famille. Il y avait une bonne ambiance ». « Le patron nous emmenait à la messe avec sa voiture, c’était une autre époque », se rappelle sa compagne avec nostalgie.
Les deux offres de reprises rejetées par le tribunal
Aucun espoir de reprise ne subsiste. Les deux offres qui existaient ont été rejetées par le tribunal de commerce. Les vestiaires ont été vidés. « Il n’y a plus rien à faire », se résigne Joseph Cipro, délégué syndical CGT et embauché dans au début des années 1980.
Valérie, la boulangère d’Apprieu, redoute que la commune meure à petit feu : « Il n’y avait déjà plus beaucoup de commerces ici, donc avec la fin des aciéries. Apprieu va devenir une ville morte. C’est dommage. »
La fermeture des aciéries est un nouveau coup porté à une industrie iséroise en berne. « Après Ferropem, Soitec, Teisseire, Nestlé, les annonces de restructuration, de fermeture ou de chômage partiel tombent accompagnées du silence assourdissant du Premier ministre », avertit le secrétaire départemental de la CGT 38, Nicolas Benoît, qui appelle la préfecture à organiser des Assises de l’industrie et de l’emploi.

Accablées par la hausse des coûts de production, les aciéries de Bonpertuis, institution industrielle française, viennent d’être liquidées, annonce « Le Parisien », qui raconte leur histoire
Fondées il y a près de six cents ans à Apprieu, au nord de l’Isère, les forges de Bonpertuis faisaient partie intégrante du paysage local. La tradition veut que l’épée de François Ier y ait été forgée. Mais le 23 octobre dernier, le tribunal de commerce de Lyon a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise, incapable de surmonter la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, selon son propriétaire, le groupe Forlam. C’est tout un territoire qui plonge dans le silence,


Laisser un tel patrimoine historique fermer, c’est bien le signe qu’il y a quelque chose de pourri dans notre pays. Encore une autre pierre à la désindustrialisation.
Le mal français est de faire de la morale, quand il faudrait faire de l’économie.
Insoutenable ce massacre volontaire , on voudrait détruire un pays que l’on ne s’y prendrait pas autrement !
C est honteux liquider le savoir-faire d entreprises de qualité
Et tout est à l avenant
C est l histoire d une région et de tout un pays demantelee morceau par morceau
Ci-dessous, un document clair et exhaustif que chaque citoyen devrait regarder, pour connaitre l’évolution catastrophique du pays, et de notre industrie
https://www.youtube.com/watch?v=hcKZ6lXvy-I