Après son redressement judiciaire, la fonderie Manoir France mise en demeure
L’entreprise Manoir France à Pîtres (Eure) a reçu un arrêté de mise en demeure par la préfecture de l’Eure. L’État impose à la fonderie une mise en conformité environnementale.
Manoir France (ex Manoir Industries) a pris un nouveau tournant. Après la mise en redressement judiciaire de l’entreprise, alors aux mains d’actionnaires chinois, la fonderie a été rachetée en juin dernier par le groupe britannique Paralloy qui a pu préserver ses 400 emplois.
Si les acteurs économiques et politiques du territoire ont félicité la direction de Manoir France pour cette préservation des emplois et son envie de « moderniser la fonderie et d’attirer les jeunes » (de nombreux postes sont à pourvoir dans l’entreprise de Pîtres), les élus écologistes, eux, rappellent que cette sauvegarde économique doit être « accompagnée d’une réelle mise en conformité environnementale ».
Normandie Écologie s’inquiète
Un sujet que la direction de l’entreprise n’a que peu abordé lors de la visite des parlementaires Hervey Maurey et Philippe Brun en janvier dernier.
On se souvient que le député de la 4e circonscription de l’Eure, Philippe Brun, avait rappelé les inquiétudes des habitants quant aux rejets d’eaux polluées. Une remarque sur laquelle Robert MacGowan, le P.-D.G. du groupe Paralloy, avait assuré « mettre en place les meilleures pratiques pour assurer la sécurité de tous ».
Pourtant, Manoir France est bien dans le viseur des services de l’État puisqu’un arrêté de mise en demeure a été pris en décembre dernier.
En novembre 2024 déjà, le groupe Normandie Écologie a transmis un courrier au préfet de l’Eure, Charles Giusti. Les co-présidents du groupe, Laetitia Sanchez et Rudy L’Orphelin mentionnent : « Une grande partie des eaux de process restent mélangées aux eaux pluviales et sanitaires, et sont rejetées dans l’environnement. Nous savons que l’entreprise a reçu une mise en demeure de la Dreal [Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement] pour se mettre en conformité sur ce point ainsi que sur les pollutions atmosphériques ». Les élus écologistes rappellent « l’inquiétude des riverains sur les impacts sanitaires des activités industrielles, avec un cluster de cancers pédiatriques dans les communes alentour ».
Fin janvier, les services de la préfecture de l’Eure, ont répondu aux co-présidents du groupe Normandie Écologie évoquant « le suivi attentif et régulier de la Dreal » sur l’entreprise Manoir France.
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Un délai de 9 mois pour effectuer les travaux
La préfecture rappelle que des inspections ont été réalisées en avril 2024 relevant plusieurs « non-conformités à la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement, notamment en matières divers ou d’incendie ».
À la suite de ces inspections, la préfecture a initié des procédures de sanctions administratives à l’encontre de l’entreprise. L’établissement ayant été placé en redressement judiciaire, ces procédures ont été suspendues jusqu’au rachat de Manoir France en juin dernier par le groupe Paralloy.
En octobre, une nouvelle inspection a été menée : « Bien que des investissements aient été réalisés, des écarts persistent », ont observé les services de la Dreal. Un constat qui a amené le préfet de l’Eure à prendre un arrêté de mise en demeure le 9 décembre 2024, portant sur la problématique de la gestion des eaux : « Il est imposé à Manoir France un diagnostic complet des installations et une proposition d’échéancier de travaux sous 9 mois ». La préfecture indique : « Les travaux sur la partie des rejets en eaux […] nécessitent d’être priorisés ».
Contactée pour faire un point d’étape sur les travaux engagés en vue de leur mise aux normes, la direction de Manoir France n’a pas répondu à nos sollicitations.