Invité à l’Assemblée nationale le mardi 4 février pour s’exprimer sur le sort de son ancienne filiale menacée, la Fonderie de Bretagne, Luca de Meo, le patron de Renault, n’a pas été épargné par les députés de la Commission des affaires économiques. La question de sa rémunération de 5,5 millions d’euros par an hors action s’est inévitablement invitée dans l’échange. « Est-ce que vous pensez, monsieur le directeur général, que moralement, intellectuellement, par la force de votre travail, vous valez 260 travailleurs ? », l’a interpellé le député du groupe Les Ecologistes – EELV, Benjamin Lucas. Ce à quoi Luca de Meo, 57 ans, a rétorqué qu’il travaillait jusqu’à « 80 heures par semaine » pour justifier ses émoluments XXL.

Le premier étranger à occuper ce poste

Homme fort de Renault depuis le 1er juillet 2020, Luca de Meo n’est pas du genre à se laisser impressionner. À son arrivée, le constructeur français connaît une grave crise avec une perte de 8 milliards d’euros en 2020 sur fond de crise sanitaire. « Renault joue sa survie », lâchera, très alarmiste, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire en mai 2020. En plus des mauvais résultats financiers, Luca de Meo doit redorer l’image d’une société à l’image écornée après l’évasion rocambolesque de son prédécesseur Carlos Ghosn du Japon au Liban dans une malle embarquée dans un jet privé. Le dirigeant italien, polyglotte (il parle six langues) et parfaitement francophile, devient aussi le premier étranger à prendre les commandes de la marque au losange. Sa méthode pour redresser Renault ? Vendre moins de voitures et miser sur la qualité plutôt que la quantité.

Vendre moins mais vendre mieux

Dès 2021, le directeur général du constructeur lance un plan stratégique baptisé « Renaulution » dans lequel il dit vouloir en finir avec la course au volume, entamer une course à la rentabilité et éponger les dettes. « Mon but, c’est d’amener Renault à un niveau de performance économique qu’il n’a jamais atteint, ou alors de façon anecdotique. Là, le changement va être profond, structurel », expliquait le dirigeant italien au moment de présenter sa vision pour l’avenir. Quatre ans plus tard, le natif de Milan a réussi son pari de redresser le groupe français en passe de devenir le bon élève de l’industrie automobile avec des chiffres à faire pâlir ses concurrents. En Europe, la marque progresse de + 3,3 %, soit deux fois plus que le marché (+ 1,7 %) pour atteindre plus d’un million de véhicules vendus en 2024.

Il a aussi œuvré au redressement de Seat

Contrairement à d’autres dirigeants, Luca de Meo, passionné de football et de musique électronique, a fait toutes ses armes dans le secteur automobile. Passé par Renault au tout début de sa carrière, il a ensuite travaillé pour Toyota à la fin des années 1990 avant de faire ses armes chez Fiat où il a participé au succès salutaire de l’iconique Fiat 500 en 2007. Voyant son avenir professionnel bouché chez le constructeur italien, il file ensuite chez Volkswagen et Audi avant de devenir le patron de Seat en 2015. Là encore, il réussit un redressement spectaculaire de la marque automobile en perte de vitesse pour la conduire au sommet. En 2019, cette filiale espagnole de Volkswagen a battu un record de ventes, avec plus de 574 000 véhicules écoulés.

Arrivé chez Renault en 2020, Luca de Meo devrait rester encore en poste jusqu’en mai 2028 – au moins -, son mandat ayant été renouvelé « à l’unanimité » l’an dernier pour quatre ans.