Nouvelles menaces sur la Fonderie de Bretagne
Fondeurs, oui ! Chômeurs, non ! Ce slogan résume la volonté des 350 salariéEs de la Fonderie de Bretagne à Caudan (56) qui luttent depuis plusieurs années contre les effets des restructurations de l’industrie automobile et pour le maintien de leurs emplois. Mais la décision de Renault de se désengager, annoncée vendredi 20 décembre, à la veille des fêtes, pourrait signer la fin de l’usine et le chômage pour ses salariéEs.
Le désengagement de Renault, principal client, s’inscrit dans une politique globale. Les constructeurs automobiles, à la recherche du profit maximum, et dans le cadre de la crise touchant tout le secteur, ont procédé depuis plusieurs années à l’abandon ou à l’externalisation de nombreuses activités et notamment des fonderies. Ils ont souvent fait le choix de délocaliser, entrainant des milliers de licenciements dans la branche malgré des luttes importantes. Celles-ci, faute de coordination, ont été défaites boîte par boîte.
Renault contraint de maintenir la production abandonne
Les salariéEs de la Fonderie de Bretagne ont une tradition de lutte ancienne. Avec leur syndicat CGT, ils ont réussi depuis 2009, par plusieurs grèves longues, à contraindre Renault à maintenir la production et donc l’emploi malgré une baisse des effectifs et la vente à des repreneurs — fonds d’investissement avides de profits rapides — bénéficiant de subventions publiques importantes. Engagées depuis quelques mois, les négociations avec un nouveau repreneur devaient permettre la poursuite de l’activité et sa diversification. La condition étant que Renault s’engage à fournir des volumes jusqu’en 2028 afin d’assurer la transition. Le constructeur vient donc de refuser ce geste, contraignant le repreneur à renoncer. La direction de l’usine annonce que les fonds disponibles ne permettront pas de maintenir l’activité au-delà de quelques mois, voire quelques semaines. Sous le choc, les salariéEs ont quitté l’usine et n’y reviendront qu’en début d’année. Une procédure de sauvegarde va être engagée par le tribunal de commerce.
Un État hypocrite
L’État, actionnaire de Renault à hauteur de 15 %, révèle toute son hypocrisie lorsque le ministre de l’Industrie démissionnaire déplore l’attitude du constructeur. Comme le dit justement un responsable CGT de l’usine : « C’est Renault qui a la mainmise sur l’État, on a un État faible et il s’est engagé trop tard dans le dossier »1. De fait, l’État et le gouvernement sont au service des capitalistes et laissent faire comme le montrent récemment les vagues de suppressions d’emplois notamment chez Michelin à Vannes dans le même département où 300 licenciements vont avoir lieu. Seul un rapport de forces pourra leur imposer de maintenir les emplois.
Nul doute que début janvier, les salariéEs décideront des actions à mener. Les forces syndicales et politiques du Pays de Lorient devront les soutenir unitairement. Il n’y aura pas de solution durable sans mobilisation, sans mettre en avant la nécessité d’un moratoire ou d’une interdiction des licenciements, et sans chercher à imposer la réquisition-socialisation afin de garantir l’emploi et de préparer les transformations nécessaires des productions pour lutter contre le réchauffement climatique.
« La voiture, c’est l’industrie du passé »… mais Marine Tondelier se plaint de la fermeture d’une usine Renault
La Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan), qui produit des pièces de châssis, de moteurs et de boîtes de vitesses, n’a pas trouvé de repreneur après le désistement de Renault. La société risque alors de fermer, menaçant ainsi les 350 employés qui y travaillent. Pour Marine Tondelier, cette situation est « inacceptable ».
« Il n’est inacceptable de condamner 350 emplois et autant de familles à la veille des fêtes », a déploré la leader écologistesur son compte X, samedi 21 décembre. Dans un communiqué, elle dénonce « un acte cynique et irresponsable ». Elle appelle ainsi Emmanuel Macron à « intervenir auprès de Renault pour sauver Fonderie de Bretagne ».
Un discours contradictoire
« Les Écologistes demandent fermement que le Gouvernement s’empare réellement de ce dossier, et ce de toute urgence », a écrit Marine Tondelier, aux côtés de six autres élus EELV. « Il faut assurer un avenir à Fonderie de Bretagne et permettre aux 350 familles et à la vitalité du territoire qui en dépendent de perdurer », a-t-elle finalement martelé.
A LIRE
Les Ecologistes : Marine Tondelier, l’ambition sous le vernisUn discours bien différent d’habituellement. La secrétaire nationale EELV n’a jamais manqué de partager son aversion pour les voitures. En mai 2023, au micro de franceinfo, celle-ci avait affirmé que « la voiture, c’est l’industrie du passé », estimant qu’« on a un problème de rapport à la bagnole dans ce pays ».
Les Echos
Renault et l’Etat pointés du doigt dans l’échec de la reprise de la Fonderie de Bretagne
La colère ne retombe pas à Caudan, dans le Morbihan, où les 350 salariés de la Fonderie de Bretagne ont appris, vendredi, l’ échec des négociations entre le groupe Renault et le repreneur du site, le fonds allemand Private Assets .
Usine Nouvelle
Un comité social et économique (CSE) extraordinaire doit se tenir le 6 janvier 2025 à la Fonderie de Bretagne (FDB). Objectif : étudier la situation de l’entreprise après l’échec des négociations, acté vendredi 20 décembre, entre son principal client et ancien propriétaire Renault, et le fonds allemand Private Assets (PA), candidat à la reprise de la fonderie située à Caudan, près de Lorient (Morbihan).
Sauf miracle je crains que l’on en soit arrivé à la conclusion d’une tragédie démarrée il y a plus de vingt maintenant.
Après une première approche ratée, Renault concluait un accord avec Teksid, filiale industrielle de FIAT, en lui confiant le sort de la quasi totalité de ses fonderies et en participant financièrement au capital de l’entité.
L’objectif était de réaliser un pôle mondial de fonderies, essentiellement aluminium et fonte, dédié à l’automobile et présent dans de nombreux pays à travers le monde.
Une entité de R & D qui s’avéra éphémère vit également le jour à Suresnes entraînant de nombreux collègues Renault pour devenir Teksid.
Cette euphorie sera de courte durée, FIAT connaissant de grosses difficultés réduira sa voilure en commençant par vendre pour ne pas dire brader des pans entiers de son organigramme dont une très grosse partie de Teksid.
Ce sera pour les ex-fonderies de Renault une très longue descente aux enfers sauf peut-être celle de Cléon réintégrée dans le losange.
Ventes successives, pas d’investissements, dépeçages des entités et ….
Les ex-collègues Renault devenus Teksid redeviendront Renault sauf un mais il connaîtra un sort heureux.
A ce jour Métaltemple à disparu, Fonderies du Poitou également, j’ai beaucoup de doutes pour l’ex SBFM.
En 1980 nous étions dirigés par de véritables mandarins mais qui connaissaient le métier, qui savaient gérer les entités, prendre des risques mesurés, produire des pièces dans de bonnes conditions avec une qualité très correcte.
Je ne juge personne, je constate simplement le résultat et j’aurai une pensée très émus pour tous nos anciens qui se sont investis sans jamais compter leur temps ou leur peine.
Michel Chaput
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Pas de repreneur pour la Fonderie de Bretagne : et maintenant, que va-t-il se passer ?
Le sort de l’usine de Caudan (Morbihan) a été presque scellé vendredi 20 décembre 2024. Sans repreneur, c’est désormais le tribunal de commerce qui va prendre la main.
Modifié le
Habitués à se battre pour leur usine, les fondeurs, terrassés par la nouvelle de la fermeture probable de leur usine Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan), sont partis un à un, sans mot dire ou presque. Ils devront revenir lundi 6 janvier 2025, sans trop savoir pour quelle mission. Le calendrier de la Fonderie de Bretagne va désormais être fixé par le tribunal de commerce de Rennes, qui va ouvrir une procédure de sauvegarde.
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Quels repreneurs ?
« Il reste quelques mois devant nous, a résumé, amer, Maël Le Goff, secrétaire général FDB CGT. On sait comment ça fonctionne, des gens vont se présenter pour un projet qui risquera d’être bidon. Ça va être encore pénible à vivre dans les trois mois à venir. » Avec l’entrée en négociations exclusives avec Private Assets, un fonds d’investissement allemand, d’autres visites avaient eu lieu au cours de l’année 2024. « On n’a jamais su qui étaient les autres repreneurs potentiels, on sait juste que les autres projets prévoyaient des restructurations. Sauf que l’entreprise ne peut tourner qu’avec 300 personnes ici, en dessous ça ne sert à rien. »
« L’entreprise, dans son format actuel, a cessé d’exister »
Jérôme Dupont, directeur de FDB, attend aussi le début de l’année 2025. « L’entreprise va être mise sous la protection du tribunal de commerce. On a un peu de trésorerie pour payer les salaires encore quelques semaines, voire quelques mois et pendant cette phase de plan de sauvegarde, le tribunal de commerce va tenter de trouver un autre repreneur. » Une piste en laquelle le dirigeant ne croit pas, « on va retrouver toutes une série d’offres plus ou moins farfelues. Ce qui est sûr, c’est que le projet tel qu’il était aujourd’hui, consistait à faire vivre cette entreprise qui, dans son format actuel, a cessé d’exister. Ce qu’il arrivera demain, je n’en sais rien. »