Pendant des années, la France a systématiquement échoué à vendre son avion de combat à d’autres pays. Jusqu’en 2015, lorsque tout bascule, avec des contrats qui finissent par se multiplier. Une histoire aux multiples rebondissements. Décryptage en vidéo.
Par Olivier Harmant
Le Rafale aurait pu ne jamais exister. A la fin des années 1970, lorsque la France cherche un successeur au Mirage , un avion européen est envisagé. Faute d’accord entre les pays, Paris se lance seul dans la conception d’un nouveau combattant des airs paré pour les guerres de demain : c’est le début de l’épopée du Rafale.
Un démonstrateur (c’est-à-dire un avion d’étude, NDLR) vole en juillet 1986, à Istres, dans le sud de la France. Un succès au cours duquel plusieurs technologies sont validées : le « programme Rafale » est officialisé deux ans plus tard.
Des années de recherche, de développement et de conception s’écoulent. L’avion entre en service dans la Marine nationale en 2004, puis dans l’Armée de l’Air deux ans plus tard. Un nouveau chapitre décisif s’ouvre alors : le vendre à d’autres pays. Dès le départ, il a été élaboré dans cette optique grâce à une stratégie finement rodée : fabriquer un avion polyvalent.
Défense aérienne, reconnaissance, frappe air-sol ou encore dissuasion nucléaire… A lui seul, le Rafale remplace 7 types d’avions différents au sein des forces françaises. Il doit savoir (presque) tout faire, pour répondre à tous les besoins, et décrocher ainsi un maximum de contrats à l’international.
2015, l’année où tout bascule
Autres avantages : sa taille raisonnable et son poids de 10 tonnes à vides (seulement) en font un biréacteur maniable et facile à entretenir. Sur le papier, il a tout pour séduire.
Pourtant, au début des années 2000, rien ne se passe comme prévu. Corée du Sud, Pays-Bas, Singapour, Maroc… A chaque fois, le Rafale perd les appels d’offres face à des avions américains . En 2013, le Brésil lui préfère le Gripen suédois. La situation devient critique : en France, des voix commencent à vilipender l’avion, le qualifiant d’ « invendable » ou d’ « échec commercial ».
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Jusqu’en 2015. Cette année-là, tout bascule : l’Egypte devient le premier pays à acheter le Rafale. Puis les contrats se succèdent : Qatar, Inde, Emirats arabes unis, Grèce, Croatie, Indonésie… Tous ont adopté le Rafale.
Pourquoi un tel retournement de situation ? Quel a été le facteur déclenchant ? Quels sont les atouts commerciaux du Rafale ? Explications en vidéo.
Olivier Harmant