LES ECHOS –Par Denis Fainsilber
es ventes de poids lourds sont stables en France, mais par rapport à une année précédente anormalement basse. Plus qu’un problème de demande, les professionnels sont aux prises avec un blocage durable de l’offre. Pour les livraisons urbaines, une nouvelle fenêtre s’ouvre pour les spécialistes des modèles 100 % électriques.
Fabrication de camions Mercedes-Benz dans l'usine de Woerth. La fin des très longs délais de livraison n'est pas envisagée en 2022. (Rainer UNKEL/REA)
Malgré une demande soutenue de la part des transporteurs routiers, les ventes de camions neufs restent invariablement au creux de la vague, victime d’une crise sans précédent au niveau de l’offre.
Pénuries en tous genres
Plus que jamais, le secteur est victime d’un important effet de pénurie de composants électroniques, comme dans l’automobile, qui oblige parfois à fermer temporairement des lignes de production pour reconstituer les stocks. Plus une inflation sans précédent des matières premières, de l’acier à l’aluminium en passant par le cuivre, le noir de carbone pour les pneumatiques, sans parler des coûts de l’énergie et du transport maritime.
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Chez Iveco France, où « les clients doivent compter douze ou treize mois d’attente, mais ce délai ne s’allonge pas », ajoute son représentant, Clément Chandon. Contrairement à 2008-2010, où une forte demande avait fait place à une récession, la demande de véhicules « n’est pas en train de s’essouffler », comme en témoigne la forte recherche de modèles d’occasion, faute de mieux.
Inconnue sur les coûts de revient
C’est dans ce contexte très chahuté que les constructeurs doivent composer avec la nouvelle donne énergétique, et la sortie progressive du diesel qui ressemble à un saut dans l’inconnu en matière de coûts de revient. Depuis quatre ans, la Commission européenne a précisé le cadre réglementaire et souhaite encourager la production de biocarburants ,.
Incertitude supplémentaire, la création progressive de zones à faibles émissions (ZFE) qui concerne toutes les agglomérations françaises de plus de 150.000 habitants d’ici au 31 décembre 2024. Avec des calendriers de mise en place variables, au choix des villes, 45 territoires seront assujettis à ce déploiement.
Volta Trucks proche du lancement
Pendant ce temps, des « pure players de l’électrique », qui n’ont jamais trempé dans le gazole, se mettent en branle pour surfer sur ce nouveau marché des livraisons citadines « vertes » dictées par une directive européenne. Volta Trucks, une start-up basée en Suède mais qui conçoit ses véhicules en Grande-Bretagne et les fabriquera bientôt en Autriche, déploie sa gamme à grand pas. Après avoir présenté son camion 100 % électrique en version 16 tonnes, le nouveau constructeur dévoile ce mercredi deux nouvelles déclinaisons en 12 tonnes et 7,5 tonnes, pour pouvoir circuler plus aisément en centre-ville, à partir de 2025.
La firme revendique un carnet de commandes de quelque 6.000 véhicules Volta Zéro pour une valeur de 1,3 milliard d’euros, dont une bonne part pour le marché français. Les grands clients de lancement sont le français Petit Forestier (1.000 exemplaires en précommande) et l’allemand DB Schenker (1.500 unités). Dès 2025, la firme de Stockholm vise une production d’au moins 27.000 unités de sa nouvelle gamme Volta Zéro, dépourvus de moteur à combustion interne.