LES ECHOS – Par Enrique Moreira
L’Union européenne va devoir organiser son approvisionnement en métaux nécessaires à la transition énergétique, sans quoi elle « s’expose à des manques critiques », selon des chercheurs universitaires. De quoi menacer les objectifs climatiques fixés par Bruxelles.
L’UE doit également étendre ses capacités de recyclage.
L’UE doit sécuriser son approvisionnement en métaux, dont certains servent à la fabrication des rotors d’éolienne, si elle veut pouvoir atteindre ses objectifs en matière de transition énergétique.
L’Union européenne pourra-t-elle tenir ses objectifs en matière de transition énergétique ? Probablement, à condition toutefois de sécuriser son approvisionnement en lithium, cobalt, nickel et autres métaux stratégiques, Sans quoi, Bruxelles risque de s’exposer à des difficultés dès 2030, notamment sur son autonomie.
Pour remplacer les hydrocarbures et atteindre la neutralité carbone en 2050, l’UE aura besoin de 35 fois plus de lithium qu’aujourd’hui (800.000 tonnes par an), estiment les chercheurs dans ce rapport commandé par Eurométaux, . Mais il lui faudra également jusqu’à 26 fois plus de terres rares (3.000 tonnes annuelles de néodyme, dysprosium, praséodyme…), deux fois plus de nickel, +330 % de cobalt.
Les besoins en aluminium augmenteront de 33 % à 4,5 millions de tonnes par an, tout comme le cuivre (+35 %), le silicium (+45 %) et le zinc (de +10 à +15 %). Tous ces métaux sont essentiels à la construction des voitures électriques, rotors d’éoliennes, unité de stockage d’électricité…
Sécuriser les approvisionnements
« La bonne nouvelle », estiment les chercheurs, est que d’ici à 2050, 40 à 75 % des besoins pourraient être couverts par le recyclage. Mais dans l’intervalle, elle « s’expose à des manques critiques sur les 15 prochaines années faute de plus grandes quantités de métaux pour accompagner les débuts de son système énergétique décarboné ».
Les industries européennes doivent donc impérativement sécuriser leur approvisionnement, au risque de connaître « des ruptures ou des hausses de prix pouvant ralentir la transition énergétique ». Et, en particulier, sur le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre et les terres rares.
Métaux : les besoins colossaux de la transition énergétique
les projets devraient être développés ces deux prochaines années pour être prêts en 2030.
Dépendance de l’Europe
Aujourd’hui, l’UE dépend des importations pour l’essentiel des métaux, par exemple de la Russie pour l’aluminium, le nickel ou le cuivre. Ces dix prochaines années, Chine et Indonésie vont dominer le boom des capacités de raffinage des métaux pour batteries, indique le rapport, qui recommande par ailleurs que l’Europe se lie à des fournisseurs responsables, en matière sociale et environnementale.
Pourquoi les PME du recyclage se ruent sur les métaux rares
L’Europe elle-même pourrait couvrir 5 à 55 % de ses besoins de 2030, selon le rapport.
Plus de recyclage
Enfin, les capacités de recyclage seront à étendre, les métaux étant réutilisables, contrairement aux combustibles fossiles. L’Europe doit investir rapidement dans les infrastructures, relever ses taux de recyclage obligatoire et s’attaquer aux goulets d’étranglement à venir.
Aujourd’hui, 40 % à 55 % de l’aluminium, du cuivre et du zinc utilisés en Europe viennent déjà du recyclage. Des projets pilotes existent, par exemple, pour le silicium, essentiel pour les panneaux solaires dont de grands volumes arriveront en fin de vie en 2035. D’ici à 2050, les métaux recyclés localement pourraient équiper les trois quarts des batteries des véhicules faits en Europe, et tous les aimants des énergies renouvelables.