Patrick BELLITY –
Nous y sommes !
Stellantis ferme l’usine d’Eisenach jusqu’à début 2022
Les semi-conducteurs auront eu raison des conducteurs que nous sommes.
Décidément tout ce qui est infiniment petit nous donne du fil à retordre en ce moment.
Mais les pénuries sont-elles les seules raisons de la désaffection des clients pour l’automobile ?
Le sujet est très complexe et comme un serpent qui se mord la queue tout est lié et s’enchaîne ne formant bientôt plus qu’un gigantesque polynôme dont la résolution va prendre du temps et surtout de la volonté politique pour en ressortir les éléments simples et les résoudre un à un.
Une voiture est constituée d’acier, d’aluminium, de plastique, et de bien d’autres alliages et matériaux complexes dont la fabrication et la mise en forme requièrent beaucoup d’énergie.
Sans compter la fabrication des batteries pour les véhicules électriques qui utilisent des matières nouvelles qui font l’objet d’une lutte souterraine pour leur possession.
Or les prix de ces composants vont augmenter et leur impact sur le coût de fabrication va inciter encore plus les constructeurs à produire en zone très bas coûts de salaire pour compenser ces hausses.
C’est encore un coup de boutoir supplémentaire contre l’Europe pour qu’elle démantèle un peu plus son outil de production au profit de l’Asie.
L’électrification du parc décidé sans plan stratégique global va se retourner contre nous.
Nous ne maîtrisons ni les prix de l’énergie ni l’extraction des matériaux, et nos coûts salariaux sont les plus élevés du monde.
L’illusion de l’innovation qui serait notre bouée de sauvetage s’estompe au fur et à mesure que le monde s’uniformise et que les données s’échangent à la vitesse de la lumière.
Devant la guerre économique intercontinentale qui fait rage, il est plus que temps de reposer les bases d’une réflexion stratégique sur l’industrie automobile à l’échelle de l’Europe au moment où la France va en prendre la présidence début 2022.