Comme je n’ai jamais eu d’activité professionnelle en relation avec le nucléaire, mon savoir se limitait aux notions de base acquises durant mes études universitaires de physique appliquée. Je connaissais par la lecture de rapports sur le désastre de Tchernobyl les dégâts que pouvait entraîner un accident nucléaire, mais je n’avais jamais imaginé qu’un événement d’une ampleur plus grande encore pourrait se produire au Japon.
La centrale numéro 1 de Fukushima (Daiichi), où s’est produit l’accident, compte six réacteurs nucléaires et sept piscines de refroidissement du combustible usagé. La centrale numéro 2 (Daini), située à douze kilomètres, comprend quatre réacteurs et quatre piscines. La puissance totale de ces deux centrales était de près de neuf gigawatts, soit plus du double de celle de Tchernobyl.
Le 11 mars 2011, à 14 h 46, lorsqu’un tremblement de terre de magnitude 9 se produit dans l’est du Japon, je me rends immédiatement dans le centre de gestion de crise, situé au sous-sol de ma résidence officielle. Le premier rapport révèle que toutes les centrales atomiques situées dans les régions touchées sont arrêtées, conformément au dispositif d’urgence. Je suis rassuré. Mais on apprend peu après qu’un tsunami a non seulement submergé et dévasté la centrale Daiichi, mais aussi noyé les groupes électrogènes de secours à moteur diesel : il ne reste pratiquement aucune source d’alimentation électrique pour les réacteurs 1 à 4. Dans une centrale, même après l’arrêt de la fission (…)