Après avoir racheté l’entreprise pour un euro symbolique, le fonds de pension étatsunien pille les machines, le savoir-faire, les brevets, la trésorerie… avant de la liquider. L’entreprise ne comptait plus que 280 salariéEs, qui obtiendront une condamnation des repreneurs en septembre 2009, mais les dirigeants condamnés étaient depuis longtemps réfugiés aux États-Unis. Et leur extradition demandée sans succès.
Dans Silence dans la vallée, issu d’une série documentaire consacrée au monde du travail, avec également 300 jours de colère, les Prolos et Femmes précaires, Marcel Trillat avait montré le désarroi d’une collectivité dépassée par la mondialisation, la financiarisation du capital et les restructurations qu’elles engendrent.
Dans sa pièce, Rainer Sievert nous aide à comprendre ce qui s’est passé. Le désespoir du chef d’entreprise historique qui tente de sauver l’entreprise, les manœuvres du repreneur… Et la disparition de l’entreprise, emportée par le tourbillon de la mondialisation et des rapaces qu’elle engendre. Une histoire malheureusement ordinaire que l’auteur de la pièce a choisi de raconter en mêlant ironie et tragédie. Mais aussi une bonne façon de montrer que « la crise », « la mondialisation » ne sont pas des fatalités, des catastrophes « naturelles », mais des batailles économiques, sociales, qui sont menées par des hommes, des femmes, des classes sociales. Et dont l’issue n’est donc pas inéluctable…
Robert Pelletier