Le plan de la dernière chance sera finalement le bon. Resté seul en lice pour la reprise de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), le groupe franco-belge Altifort a déposé son offre vendredi en fin d’après-midi auprès du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg, a annoncé à l’AFP son directeur général, Bart Gruyaert. La chambre commerciale du TGI statuera ce mercredi sur le sort d’Ascoval, actuellement en redressement judiciaire.
Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, espère pour sa part « boucler » le plan de financement pour la reprise d’Ascoval, au cours d’une réunion ce lundi à Bercy avec le repreneur franco-belge Altifort et les élus locaux. « Si nous bouclons aujourd’hui le plan de financement, nous le présenterons au tribunal de commerce de Strasbourg et la reprise d’Ascoval par Altifort pourra avoir lieu », a-t-il ajouté au micro de RTL.
L’Etat promet 25 millions d’euros
L’offre d’Altifort inclut un concours financier de 25 millions d’euros de l’Etat , qui était le dernier élément en suspens pour la finaliser, a précisé Bart Gruyaert. « Nous avons aussi les accords des autres financeurs », banques et collectivités, a-t-il ajouté. Le dossier prévoit plus de 400 emplois pour Ascoval : le maintien des 281 existants et la création de 133 autres grâce à la construction d’un atelier supplémentaire, un train à fil pour la production de fil en acier, précise le directeur général d’Altifort. Cet investissement est toutefois conditionné à un changement de l’organisation du travail par un passage en horaires de type 5 × 8, a prévenu le dirigeant.
Un engagement in extremis
« Nous avons franchi une première étape, mais nous attendons la réunion avec le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, lundi pour obtenir des garanties au cas où cela se passe mal, réagissait ce dimanche Nacim Bardi, délégué syndical CGT d’Ascoval. Ce n’est pas encore fini. Nous serons rassurés et heureux lorsque le tribunal aura accepté le projet, car cela fait trois ou quatre ans que les salariés sont menés en bateau. »
L’engagement financier promis par l’Etat a été confirmé in extremis : « Nous avons reçu le courrier de Bercy à 16 heures », indique Bart Gruyaert, soit une heure avant l’expiration du délai fixé par le tribunal pour déposer l’offre. « L’Etat mettra, comme il s’y est engagé, le montant que le repreneur Altifort est prêt à mettre, a confirmé ce lundi Bruno Le Maire. Si Altifort met 25 millions d’euros d’investissements, l’Etat mettra en place 25 millions d’euros d’investissements »
Un budget revu à la baisse
Le plan proposé par Altifort fin octobre portait sur un montant de 137 millions d’euros, dont 40 millions de l’Etat. Le montant du dossier final sera « un peu moindre, souligne son directeur général, mais nous avons rassemblé la somme nécessaire » pour pérenniser Ascoval. Outre le candidat repreneur et l’Etat, celle-ci réunit les concours de plusieurs banques, de la région Hauts-de-France et de la communauté d’agglomération Valenciennes Métropole.
Et contrairement au scénario envisagé au départ, l’offre se monte sans Vallourec, l’actionnaire d’Ascoval, qui a refusé de s’engager sur un maintien de commandes pendant une période de transition de dix-huit mois.
Un groupe bâti par rachats successifs
Créée en 1975 par Vallourec, l’aciérie de Saint-Saulve, productrice d’aciers spéciaux, est devenue Ascoval en 2017. Elle est en redressement judiciaire depuis janvier dernier. Elle faisait partie jusqu’en début d’année du groupe sidérurgique Ascometal mais elle n’a pas été incluse dans la reprise de ce dernier par le suisse Schmolz + Bickenbach.
Altifort est un groupe de métallurgie basé à Ham (Somme), propriété de Stanislas Vigier, son président, et de Bart Gruyaert. Constitué il y a quatre ans, il a grandi par rachats successifs pour atteindre un effectif de 1.500 salariés, dont 1.370 en France, et un chiffre d’affaires prévisionnel annoncé de 200 millions d’euros cette année.