Jean-Louis Kerouanton –
Les hélices comme sculptures calculées : le cas des Fonderies de l’Atlantique à Nantes que notre ami Pierre Borel (qui vient de nous quitter) a dirigées.
La découverte, l’étude et la sauvegarde partielle des bâtiments des anciennes « Fonderies de l’Atlantique » à Nantes en 2001-2002
ont permis également de révéler puis de conserver une extraordinaire collection d’objets de fonderie au sable correspondant à la fabrication des hélices et des pales d’hélice pour les plus gros navires commerciaux et militaires.
La technologie de fonderie d’alliage de cuivre pour les hélices avait été adoptée en 1937 dans l’entreprise. L’ensemble des modèles en bois de pales d’hélice est d’abord apparu comme une accumulation de sculptures monumentales particulièrement épurées.
L’étude technologique plus fine montre cependant que cette « beauté » réelle ne correspond nullement à la volonté d’un artiste mais relève uniquement des calculs liés pour chaque production à un projet de navire. Et c’est seulement le calcul qui permet d’expliquer les réalisations d’hélices monoblocs par troussage, sans modèle aucun ; il ne reste alors de traces que les outils du troussage. Il s’agit bien dès lors d’un patrimoine scientifique - la transposition matérielle d’un calcul mathématique - tout autant que d’un patrimoine technique et industriel. C’est cette particularité qui fait la grande originalité de l’ensemble conservé par la communauté urbaine, en attendant, nous l’espérons, une valorisation future.