A l’occasion de l’inauguration en décembre de la machine à couler basse pression du Lycée Hector Guimard, nous avons eu la surprise de rencontrer un passionné. Figurez-vous que sa passion pour être assouvie s’est heurtée à notre métier : la FONDERIE.
Laurent Astier du haut de ses 46 ans était et demeure en effet un passionné de grandes vitesses, de courses et de motos.
Mécanicien de son métier, il travaille pour le monde agricole dont il répare les engins, les machines et les tracteurs. Une seconde vie s’offre à lui puisqu’il vient de reprendre l’entreprise de son patron, lequel vient de partir en retraite en lui confiant les clefs de l’entreprise où Laurent était et demeure employé. La mécanique c’est son job.
Notre mécanicien, qui habituellement règle, usine, perce, taraude, à cause de sa passion a été conduit à imaginer, à concrétiser et à fabriquer son moteur. Et là, notre mécanicien va vouloir, va devoir emprisonner ses mécanismes dans des formes alambiquées, tarabiscotées celles que sont des carters, blocs, ou culasses.
Avant d’avoir mesuré le coût dû à la complexité, notre passionné s’était tourné vers un fondeur qui lui a vite démontré que ses moyens n’y suffiraient pas…pour concrétiser son prototype. La passion, les passions ont un coût….très vite exorbitant.
Gilles Bataillon apporte le modèle
Laurent Astier s’est ensuite « re-tourné » avec son projet, vers un autre passionné, Gilles Bataillon, professeur de fonderie de son état appartenant à l’ancienne génération des professeurs, passés longtemps par l’entreprise.
Ce dernier insiste et confirme qu’il n’est pas intervenu dans la création des formes des pièces et de l’outillage, « c’est Laurent ASTIER qui a conçu tout seul l’ensemble avec un immense talent, avec pratiquement aucune retouche au moment du moulage pour les différentes pièces du moteur. C’est ce qui est exceptionnel pour une personne qui n’y connaissait presque rien du modelage et de la fonderie. »
Ces formes ont été crées sans le recours au dessin avec comme seule rigueur de base, le choix de quelques entraxes bien déterminées.
La suite inutile de vous la raconter « nous l’allons montrer tout à l’heure », ci-après en photos. Les gens de métier imagineront et comprendront où est l’exploit, où sont les exploits.
Le moteur Astier puisque c’est son nom possède 4 cylindres à 90° – 500 cc -2 temps – essence – 160/180 CV – il a été conçu pour une moto de compétition 4 cylindres 125 cc pour atteindre des vitesses de 260-280km/h.
Inutile de trop parler argent quand il s’agit de passion, mais notre ami a déjà comptabilisé 3000 heures de loisirs (et non de travail ?) pour réaliser les outillages et les premières pièces sans être du métier.
Pas sûr qu’il faille compter les temps des usinages qui là sont sa spécialité ?
Ajoutons : 4 carburateurs diamètre 38 avec une boîte de vitesse 1000 cc et un embrayage Yama – une pompe 750 GSXR – 4 cylindres 250 RS Honda.
Mis à part, les cylindres non-chemisés qui ont été traités au nicasil, on peut dire que l’entière réalisation du projet a été conduite par Laurent Astier, notre passionné, ignorant au départ tout de la fonderie et aidé par un professeur de fonderie et… de ses élèves.
Il est à noté que notre ami curieux plus que de raison accompagna les élèves dans leurs visites de fonderies et ses yeux écarquillés étaient sources de beaux étonnements pour les adolescents bien moins motivés par les découvertes.
de quoi faire de belles études de moulage….
Très impressionnant et très beau travail, vivement les vidéos du moteur en marche !