A Sochaux, Carlos Tavares reste imperturbable face aux difficultés de Stellantis
Le dirigeant était en déplacement dans le Doubs jeudi pour célébrer l’industrialisation de deux nouveaux modèles de véhicules électriques. Il a écarté tout changement de cap malgré le récent avertissement sur résultat du constructeur automobile.
Par Lionel Steinmann
Droit dans ses bottes malgré les turbulences.
Trois jours après l’annonce par Stellantis d’une révision drastique de ses prévisions financières – une déflagration pour les observateurs comme pour les salariés -, le patron du constructeur, Carlos Tavares, s’est employé lors d’une visite de terrain, ce jeudi à Sochaux, à montrer qu’il ne variait pas de cap, tout en s’efforçant de relativiser les difficultés actuelles du groupe.
Cette contre-performance s’explique essentiellement par des difficultés sur le marché américain mais elle pose aussi des questions sur la taille de cet empire de 14 marques, observe David Barroux qui relève qu’à chaque fois qu’un groupe automobile s’approche ou atteint le premier rang mondial (General Motors, Toyota, Renault-Nissan, Volkswagen) il finit par trébucher…
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Plombée par ses performances aux Etats-Unis, la machine Stellantis s’enraye
Histoires économiques, la chronique d’Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction de L’Usine Nouvelle, avec France Inter.
Emmanuel Duteil
\ 14h00
Si le groupe gagne moins d’argent c’est avant tout à cause des Etats-Unis, sa poule aux oeufs d’or. Avec des marques comme Chrysler, ou Jeep, Stellantis réalisait sur place des performances stratosphériques. Mais le groupe a peut-être eu les yeux plus gros que le ventre. Malgré des problèmes dans ses usines et une offre un peu vieillissante, le groupe a produit trop de voitures. Résultat, des dizaines de milliers de véhicules dorment sur les parkings des concessionnaires. Il faut donc faire des rabais pour les écouler et ralentir les cadences de production.
Stellantis face à l’hiver électrique
A cela s’ajoute l’arrivée de ce que l’on appelle l’hiver électrique : le fait que les voitures électriques se vendent moins bien que prévu. Notamment parce que de nombreux pays ont coupé les subventions. Ajoutez à cela une économie mondiale qui prend froid et il n’en faut pas plus pour faire tousser les constructeurs.
Stellantis est loin d’être le seul. Volkswagen a lui aussi revu, il y a quelques jours, ses prévisions à la baisse. L’allemand laisse même entendre qu’il pourrait fermer des usines chez lui. Tout le secteur s’enrhume. Il suffit de voir le niveau des ventes de voitures en France le mois dernier.
La question est désormais de savoir si Stellantis peut se relancer. Certains commencent à se demander si la stratégie de Carlos Tavares n’arrive pas au bout. Il a coupé les coûts, tout en gardant un outil industriel pléthorique. Cela au prix d’une certaine pressurisation et donc d’un turn-over de son management. Mais c’est bien connu : c’est dans la tempête que l’on reconnaît le marin.
Au moment où la houle est au plus fort, Carlos Tavares a fort à faire pour relancer son groupe s’il veut, comme il l’a promis, faire partie des cinq constructeurs encore en vie dans dix ans.
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